Biodiversité, Côte du Pacifique, Invasive Species, Science

De l’invasion à l’inspiration

Arrêter la prolifération des espèces envahissantes

Par Chantelle Abma mai 26, 2025

En 2016, un paysage côtier de la Colombie-Britannique était recouvert de drapeaux indiquant la présence de la spartine. Aujourd’hui, un paysage similaire ne nécessite le retrait que de trois plantes.

Par une journée printanière ensoleillée à Mud Bay, une équipe d’élèves du secondaire ratissent les rives de la baie, leurs bottes en néoprène aux pieds, et leurs yeux balayant l’horizon à la recherche d’un envahisseur. La mission? Trouver et enlever la spartine : une espèce herbacée agressive qui altère l’habitat et qui se répand le long des côtes de la Colombie-Britannique depuis deux décennies.

Après des heures de recherches minutieuses, l’équipe n’a trouvé que trois plantes.

Cela peut sembler anodin, mais c’est en fait une bonne raison de célébrer. Il y a seulement huit ans, plus de 23 000 plants de Spartina anglica étouffaient les vasières locales. Aujourd’hui, le nombre de plants de l’espèce envahissante a été réduit de 96 % grâce aux efforts coordonnés de protecteurs de l’environnement, de scientifiques et de partenaires communautaires dévoués, comme les étudiants de SHaRP (le Salmon Habitat and Restoration Program de la ville de Surrey). Lorsque l’équipe a réalisé qu’il n’y avait plus beaucoup de spartine à retirer, ils ont noté les autres éléments présents; peut-être qu’ils pourraient inclure un nettoyage de plage l’année prochaine.
After hours of careful searching, the team found only three plants.

It may not sound like much, but this is cause for celebration. Just eight years ago, more than 23,000 Spartina anglica plants choked local mudflats. Today, the invasive species has been reduced by 96 per cent, thanks to the coordinated efforts of dedicated conservationists, scientists, and community partners like the students from SHaRP (the City of Surrey’s Salmon Habitat and Restoration Program). When the team realized there wasn’t much Spartina left to pull, they took note of what else was there— maybe next year they could include a beach cleanup.

La plante qui a modifié le paysage

La spartine est un type de plante comprenant trois espèces identifiées en Colombie-Britannique, Spartina anglica, Spartina densiflora et Spartina patens, qui ont probablement été introduites juste au sud de la Colombie-Britannique dans les années 1960. Elle était plantée pour stabiliser les rives et créer des pâturages et utilisée comme matériau d’emballage naturel pour les produits alimentaires, mais on ne savait pas encore que cette plante avait la capacité de surpasser agressivement ses voisines indigènes.

La spartine peut essentiellement retenir son souffle sous l’eau, acheminer l’oxygène vers ses racines, et survivre à l’inondation causée par les marées mieux que les espèces semblables indigènes; elle peut donc survivre dans les zones de marée plus profondes ainsi que dans les zones peu profondes, lui donnant un avantage sur la flore locale. Son système racinaire dense maintient les sédiments en place, provoquant ainsi une accumulation. L’augmentation de l’altitude du littoral pourrait être souhaitable à une époque où le niveau de la mer augmente, mais elle ne devrait pas se faire au détriment des populations végétales et fauniques locales. Lorsque les plantes indigènes disparaissent, les créatures qui s’en nourrissent doivent également se déplacer; les canards, les oiseaux de rivage, le saumon et les mollusques doivent tous chercher leur nourriture ailleurs.

© Chantelle Abma, Ducks Unlimited Canada

Détection précoce, intervention rapide — et persistance implacable

Lorsque la spartine a été repérée pour la première fois en Colombie-Britannique au début des années 2000, le biologiste Gary Williams a sonné l’alarme. L’État de Washington avait déjà dépensé des millions de dollars à combattre cette espèce. Le même sort attendait la côte de la Colombie-Britannique si des mesures n’étaient pas prises rapidement.

Sous la direction du BC Spartina Working Group, une coalition d’organismes gouvernementaux, de Premières Nations, d’ONG et de protecteurs de l’environnement, la Colombie-Britannique a lancé un programme de détection précoce et d’intervention rapide. Canards Illimités Canada (CIC) a coordonné le travail sur le terrain, aux côtés de la BC Conservation Foundation. Le soutien financier de la province de la Colombie-Britannique, par l’entremise du ministère des Forêts, de l’administration portuaire Vancouver Fraser et de divers bailleurs de fonds déjà impliqués dans le projet, a permis de déployer des gens sur le terrain et continue de le faire.

Au cours des premières années, les équipes tentaient de retirer les plantes manuellement et ont effectué des tests à petite échelle. Mais en 2016, avec une augmentation du nombre et une meilleure compréhension de la façon dont la plante se propage (les fragments de racines laissés derrière après avoir retiré les plantes à la main pouvaient entraîner une nouvelle croissance), des traitements ciblés par herbicide ont été réalisés dans des conditions environnementales strictes. Le résultat a été immédiat et dramatique.

© Taylor Marriott, Ducks Unlimited Canada

L’élimination de la spartine prend du temps et de la vigilance

Sur l’île de Vancouver, où pousse une espèce légèrement différente de spartine (S. densiflora), les équipes retirent manuellement les plantes plutôt que d’utiliser de l’herbicide. Cette espèce ne se propage pas par ses racines, ce qui rend l’élimination physique plus efficace. Une signalisation est en cours d’élaboration pour éduquer les passants, avec des conseils d’identification des plantes et des brosses à bottes pour arrêter la propagation.

Le travail n’est pas terminé. Les graines de spartine peuvent rester dormantes dans le sol pendant des années, et chaque site doit être surveillé pour vérifier que la spartine est absente pendant au moins six saisons avant d’être considéré comme officiellement débarrassé de l’espèce. La surveillance continue et le retrait de toutes les plantes détectées sur la côte seront essentiels au succès global, sinon tous les efforts réalisés auront été inutiles. Sur l’île de Vancouver, les efforts continuent d’augmenter et les équipes attaquent l’année 2025 en commençant la saison sur le terrain deux mois plus tôt pour prendre une longueur d’avance dans le traitement de S. patens et S. densiflora, qui sont toutes deux présentes sur l’île. Dans des endroits comme Boundary Bay et Mud Bay, le vent a clairement tourné, et une vigilance continue garantira que ces victoires soient durables, et ce, au profit des écosystèmes locaux. 

Vous voulez nous aider?

Mai est le mois d’action contre les espèces envahissantes en Colombie-Britannique, et les résidents côtiers peuvent jouer un rôle essentiel. Gardez l’œil ouvert pour détecter les espèces de spartines suspectes (en particulier dans les marais et les vasières), signalez les observations et participez aux événements locaux de nettoyage des berges. Et si vous voyez l’une des nouvelles affiches éducatives et une brosse à bottes, allez-y et récurez bien vos bottes. Cela pourrait empêcher la spartine d’être transportée dans de nouveaux endroits.

CIC remercie la province de la Colombie-Britannique pour son soutien financier par l’entremise du ministère des Forêts.