Canards Illimités prend son envol - Dépression, sécheresse et bol de poussière — Ducks Unlimited Canada Skip to main content

Dépression, sécheresse et bol de poussière
Canards Illimités prend son envol

Notre histoire, peuplée de chasseurs conservationnistes, d’agriculteurs et de scientifiques, est ponctuée par la conservation sans frontières, l’hommage à notre territoire et par tout ce que nous faisons de bien pour les canards et pour nous tous.


Il était une fois, dans la région du Dust Bowl, …

Ne vous êtes vous jamais demandé pourquoi on disait des années 1930 qu’elles étaient les « sales années trente »? C’est à cause des tempêtes de poussière massives qui ont marqué la décennie.

Le « bol de poussière » est le résultat de la tempête parfaite produite par des politiques foncières fédérales mal pensées, l’évolution du climat régional et la dévastation économique de la Grande Dépression.

Dans la foulée de la guerre de Sécession américaine, les pionniers ont pu, grâce à une série de lois foncières fédérales, commencer à cultiver les grandes plaines. L’Homestead Act de 1862, la Kinkaid Act de 1904 et l’Enlarged Homestead Act de 1909 ont ouvert de vastes terres à des agriculteurs inexpérimentés aux États Unis. Car ces lois foncières ne tenaient pas compte des répercussions écologiques de la disparition des terres herbeuses indigènes.
Comme l’écrivait l’agriculteur canadien Bert Cartwright, ce fut la « perdition dans la poussière : de vastes terres asséchées et sans vie dans les prairies ravagées par le soleil ». Ici au Canada, les milieux humides étaient eux aussi en constante régression — et les populations sauvagines accusaient une baisse spectaculaire.


La demande de blé

Dans les années 1910 et 1920, la demande de blé a crû, ce qui a fait augmenter les prix de cette céréale. Les agriculteurs ont donc haussé la production, en labourant des millions d’hectares de terres herbeuses indigènes pour cultiver le blé, le maïs et d’autres céréales sarclées

Quand la Grande Dépression s’est produite, dans les années 1930, les prix du blé ont plongé. Les agriculteurs n’ont eu d’autre choix que d’ensemencer encore plus de terres herbeuses afin d’accroître le rendement de leurs terres pour dégager des bénéfices.

La sécheresse s’est produite en 1931. Parce que les herbes profondément enracinées des prairies avaient disparu, les terres agricoles dénudées et surexploitées ont cessé de produire, ce qui a érodé les sols dans les champs et donné lieu à des tempêtes de poussière massives, sans précédent dans les annales.

Projet du lac Plover en 1940
Projet du lac Plover en 1940 © DUC

La crise n’a pas épargné les canards

Privés de sources d’eau et de terres herbeuses, les canards ont dû affronter un obstacle majeur pour leur survie.

En 1936, la saison de la chasse au canard aux États‑Unis a duré à peine 30 jours. De nombreux chasseurs s’attendaient parfaitement à ce que la saison de 1937 soit complètement annulée. Les chasseurs de canards (ou les sauvaginiers, comme on les appelait) savaient que s’ils voulaient chasser le gibier à plumes comme les canards, ils devaient d’abord les aider à survivre.

C’est cette double catastrophe de la sécheresse et de l’assèchement qui a provoqué la crise des canards — en plus de donner naissance à Ducks Unlimited, idée qui a vu le jour sur les berges d’un cours d’eau dans un petit pavillon de chasse.


Une idée bien de son temps : l’origine de Ducks Unlimited et de Canards Illimités Canada

En 1929, un groupe de meneurs conservationnistes américains a mis sur pied la More Gamebirds in America Foundation. L’objectif était d’améliorer la qualité des habitats sauvaginiers, ce qui permettrait d’assurer l’avenir des populations d’oiseaux migrateurs. C’était un exemple du mouvement des chasseurs conservationnistes — mouvement qui se poursuit aujourd’hui.

Les membres de cette fondation savaient que la sauvagine nichait essentiellement au Canada au printemps et migrait aux États Unis et au Mexique en hiver; ils ont donc dressé la liste des idées qui permettraient de résoudre le problème et ont suggéré de mettre sur pied un organisme intergouvernemental pour appliquer ces idées. On pourrait ainsi encadrer l’espèce à l’échelle continentale, au lieu de le faire isolément, dans chacun des pays.

Or, il leur a d’abord fallu documenter l’impact des programmes de conservation, pour que le groupe mène un vaste recensement des canards sauvages dans les régions des prairies aux États Unis et au Canada en faisant appel à une légion de bénévoles qui se sont rendus sur le terrain pour dénombrer les canards. D’autres ont mené des relevés aériens.

Quand les gouvernements ont été impuissants à agir à la fin du recensement, Joseph Knapp, John Huntington et Arthur Bartley ont mis sur pied Ducks Unlimited, Inc. pour réaliser les plans de restauration de l’habitat qu’ils avaient mis au point.


Marais à grandes herbes et au-delà

En 1937, on lançait les opérations aux États‑Unis. L’année suivante, Canards Illimités Canada, qui avait son siège social à Winnipeg au Manitoba, voyait le jour sous la gouverne de Tom Main et d’un modeste effectif. L’objectif initial de l’organisme consistait à veiller à la permanence des réserves d’eau malgré la sécheresse généralisée et l’assèchement des milieux humides. Les premiers projets ont été réalisés en faisant appel à des infrastructures d’adduction de l’eau, à des barrages et à des digues construits à la main et avec des machines tirées par des chevaux. Le marais Big Grass au Manitoba, le marais Waterhen en Saskatchewan et le lac Many Island en Alberta étaient du nombre de ces projets. Ces ouvrages existent encore aujourd’hui.

À la fin de la première année — et après seulement huit mois, en réalité, d’activités sur le terrain —, ces organismes avaient collectivement atteint leur objectif, en réaménageant 62 726 hectares d’habitat.

Depuis 1938, Canards Illimités Canada a restauré et préservé 2,6 millions d’hectares et a mené à bien plus de 11 000 projets d’aménagement de l’habitat d’un océan à l’autre.
© DUC