À l’intersection de l’eau salée et de la terre, les écosystèmes côtiers sont régulièrement inondés par les marées montantes. Ces zones de conversion peu profondes sont riches en biodiversité; elles servent d’abri aux jeunes de nombreuses espèces, notamment le homard et le saumon, et offrent un habitat abondant aux sauvagines. Elles forment également une barrière naturelle qui ralentit l’action des vagues et réduit les ondes de tempête susceptibles de provoquer des inondations.
Ces marais sont irremplaçables et disparaissent rapidement en raison des pressions croissantes exercées, entre autres, par les changements climatiques, le développement et la conversion des terres. C’est pourquoi Canards Illimités Canada (CIC) et ses partenaires accélèrent les travaux visant à préserver et à restaurer ces écosystèmes sur les côtes de l’Atlantique et du Pacifique – des travaux utiles, mais loin d’être suffisants pour inverser les pertes.

Côte atlantique : préserver les écosystèmes côtiers
Dans la baie de Shediac, le long de la côte acadienne du détroit de Northumberland, au Nouveau-Brunswick, se trouve une localité balnéaire appelée Pointe-du-Chêne. Des chalets de toutes tailles composent ce village, densément développé il y a plusieurs décennies en raison de sa proximité avec le parc provincial de la plage Parlee – l’un des hauts lieux de la province, qui attire plus de 300 000 visiteurs chaque été. L’eau de l’océan est réputée être la plus chaude au nord de la Virginie. Par les chauds après-midi d’été, les hauts-fonds sont parsemés de familles qui s’éclaboussent et de bateaux ancrés, dont les propriétaires se prélassent au soleil.
À quelques centaines de mètres derrière la plage, coincé entre une piste cyclable et la route principale, vous trouverez un petit marais salé qui passe souvent inaperçu. Il s’agit de l’une des dernières portions de côte naturelle de cette petite péninsule très fréquentée. Et il travaille sans relâche.
Non seulement le marais salé sert de nourricerie aux homards et à d’autres espèces marines, mais il contribue également à protéger le littoral et à filtrer les eaux de surface qui s’écoulent vers la baie de Shediac. Mais comme il ne reste que peu de milieux humides sur la péninsule, la plage Parlee est confrontée à d’importants problèmes de qualité de l’eau. En 2022, plus d’une douzaine d’avis d’interdiction de baignade ont attiré l’attention sur ces derniers.
Depuis 1828, le territoire du marais salé appartient à la paroisse anglicane de Shediac. Il a été obtenu à l’origine par concession de terres, faisant partie d’une parcelle importante désignée par le roi George IV d’Angleterre. Conscients de son rôle environnemental, les responsables de l’église ont fait don du terrain à CIC pour qu’il soit préservé.
Le bureau foncier de la paroisse anglicane de Shediac a déclaré que « le désir de reconnaître cette terre à des fins de conservation est devenu un sujet régulièrement discuté au sein du comité du bureau foncier de notre paroisse… Celle-ci a établi un partenariat avec l’Association du bassin versant de la baie de Shediac et nous avons appuyé leur désir de s’associer à CIC dans cette entreprise. Nous sommes ravis de participer à la conservation des terres de notre province ».
Depuis une quinzaine d’années, CIC se préoccupe des habitats dans les marais salés sur les côtes atlantiques, car leur importance est devenue un facteur déterminant dans la protection du littoral.
Ce marais salé, qui fait un immense travail, est un survivant que nous aiderons à maintenir pour le bien de la faune, de la flore et de la communauté locale,
Adam Campbell supervise les programmes de CIC dans la région Atlantique. « Ce marais salé, qui fait un immense travail, est un survivant que nous aiderons à maintenir pour le bien de la faune, de la flore et de la communauté locale », a-t-il déclaré.
« Plus de 65 % des marais salés du Nouveau-Brunswick ont été détruits par le développement côtier. L’infrastructure côtière restante est un allié essentiel pour atténuer les effets de l’élévation du niveau de la mer et ceux des ouragans; ces effets nous rappellent à quel point les communautés balnéaires comme Pointe-du-Chêne sont vulnérables aux ondes de tempête et aux inondations ».
Chaque année, le rôle des marais salés gagne en importance, mais leur préservation est aussi une course contre l’élévation du niveau de la mer. Alors que l’océan s’enfonce lentement dans les terres, centimètre par centimètre, la végétation des marais salés doit se déplacer avec lui ou être engloutie. Le défi consiste à les protéger in situ et à leur donner l’espace nécessaire pour migrer vers l’intérieur des terres dans certains des endroits les plus recherchés du littoral canadien.
Contribuer à relâcher la compression
CIC et nos partenaires de conservation continuent de protéger et de restaurer les marais salés avec des terres de soutien non développées dans tout le Canada atlantique afin de les protéger de la compression côtière. Nous encourageons les personnes intéressées par la vente ou le don d’un habitat côtier non aménagé à nous contacter.

Côte pacifique : restaurer les écosystèmes côtiers
De l’autre côté du pays, CIC concentre ses travaux sur les marais littoraux de l’estuaire du fleuve Fraser, une région écologique essentielle pour la faune et la flore, qui est encerclée par le développement côtier. Cet estuaire est la zone d’embouchure la plus importante pour les poissons et les oiseaux de la côte ouest du Canada.
Les sauvagines qui migrent vers le nord s’y ravitaillent avant de continuer à remonter la côte pour la dernière étape de leur voyage. Il s’agit également d’un élément apprécié et commercialement précieux de la vie côtière pour les villes de Delta, Richmond et Vancouver. Au cours des dernières décennies, les changements climatiques et l’élévation du niveau de la mer se sont ajoutés aux pressions de l’expansion urbaine qui réduisent peu à peu la capacité de l’estuaire à maintenir des niveaux élevés de biodiversité et de protection du littoral.
Eric Balke dirige CIC dans ses projets de restauration de l’habitat du saumon de l’estuaire du fleuve Fraser, un partenariat conclu avec la Raincoast Conservation Foundation, la Première nation Tsawwassen et la Lower Fraser Fisheries Alliance, et soutenu par des fonds fédéraux et provinciaux par l’intermédiaire du Fonds de restauration et d’innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique, avec un financement supplémentaire de la Première nation Tsawwassen et de l’administration portuaire de Vancouver-Fraser.
L’équipe du projet FRESH cherche à tester et à démontrer des techniques innovantes de restauration. Travailler dans des habitats saumâtres exige une grande souplesse de l’équipe de CIC, pour s’adapter aux marées, au vent et aux conditions météorologiques qui définissent la vie au bord d’un océan puissant.
