Levé à cinq heures du matin pour ses travaux dans la grange et après s’être consacré pendant une journée entière au travail sur la ferme et avoir passé du temps avec sa famille, Matt Beal prend une heure ou deux pour faire le point sur la situation à la Tantramar Grassland Co-operative. Ici, il surveille environ 500 têtes de bovins qui broutent sur les 730 hectares de pâturage.
Agriculteur affairé, Beal ne se voit pas mener une autre vie. « Il n’y a rien de plus apaisant que le mugissement des vaches qui broutent, s’exclame Matt Beal. C’est valorisant de savoir que l’on peut aider les producteurs locaux. » Pour lui, la Tantramar Grassland Co-operative est beaucoup plus qu’une simple entreprise. C’est une communauté, qui met tout en œuvre pour la préservation.
Un paysage évolutif
Matt Beal a des liens familiaux avec la région et a passé une grande partie de sa vie dans les marais et les milieux humides. Son arrière-grand-père était de ceux qui ont lancé la coopérative; son grand-père et son père ont emboîté le pas. Cette terre du Sud-Est du Nouveau-Brunswick appartient au gouvernement provincial, qui l’a relouée au groupe, ce qui permet aux agriculteurs et aux éleveurs de bétail de toutes les provinces de l’Atlantique de faire paître leur bétail pendant la moitié de l’année, en libérant la place qu’il faut sur les petites exploitations agricoles pour la culture et d’autres activités.
La coopérative est partenaire d’organismes comme CIC, dont l’objectif est de permettre à tous ceux qui utilisent la terre de voir la vie en vert. Ensemble, CIC et les membres de cette coopérative ont installé des clôtures et aménagé, à une époque très récente, des bassins d’irrigation centralisés. À l’été 2020, Matt Beal et son équipe ont travaillé de concert avec CIC pour aménager deux milieux humides appelés à servir de bassins d’irrigation, ce qui permet à la végétation naturelle de filtrer et d’assainir l’eau et ce qui vient enrayer les sécheresses, pour que la faune indigène puisse prospérer. On clôture les bassins et on aménage des cales durcies pour permettre au bétail de s’abreuver sans nuire aux milieux humides. Les bassins comparables non loin de là produisent l’eau la plus propre et la plus saine de cette exploitation agricole.
De l’eau propre, du bétail en santé et une meilleure biodiversité
« Les agriculteurs ont besoin d’écosystèmes sains pour répondre aux besoins de leur bétail, et l’eau propre et fiable est primordiale, lance Adam Campbell, spécialiste des programmes de conservation de CIC. Notre collaboration a permis d’améliorer l’habitat des prairies et de restaurer un milieu humide qui favorise la biodiversité et aide en même temps le bétail. Matt et son groupe apprécient la promotion de la biodiversité, ce qui en fait des partenaires exceptionnels », précise Adam Campbell.
« Nous apercevons, dans notre pâturage collectif, des oiseaux qu’on ne voit nulle part ailleurs au Canada, parce que l’habitat indigène du secteur est préservé. Le bétail qui broute coupe l’herbe, ce qui permet aux oiseaux de s’y poser, explique Matt Beal. Or, il y a toutes sortes de chevreuils, de coyotes, de marmottes, de hiboux, de lynx roux et de nombreuses espèces qu’on ne voit pas tous les jours et qui côtoient le bétail. »
Quand il pense au travail qu’il accomplit et aux générations futures, Matt Beal n’a pas la moindre hésitation : « Cette coopérative est un outil indispensable pour les agriculteurs. Et si je ne faisais pas ce travail, j’ai bien peur que la terre soit simplement reléguée aux oubliettes. »