En 2021, l’Union internationale pour la conservation de la nature a inscrit 16 % des libellules et des demoiselles sur sa Liste rouge des espèces menacéesMC; cette baisse spectaculaire est symptomatique de la dégradation généralisée des habitats des milieux humides. Les libellules sont une espèce indicatrice de l’écologie, leur présence signifie que l’écosystème d’eau douce est sain. Comme le proverbial canari dans la mine de charbon, la régression des populations de libellules est le signe d’un problème beaucoup plus important.
Un autre problème, c’est de motiver les gens pour les sortir de l’indifférence. Le sort des insectes comme les libellules ne permet généralement pas de nouer le même lien affectif avec la conservation que la loutre enjouée ou un oiseau majestueux. Or, il se trouve que nous connaissons un expert qui peut nous prêter main-forte.
Récemment, nous avons eu l’occasion de faire le point avec Rob Cannings, entomologiste et conservateur émérite au Royal British Columbia Museum. C’est lui qui est l’auteur du manuel sur les libellules en Colombie‑Britannique.
Fervent d’insectes depuis toujours, la fascination de Cannings pour l’ordre des odonates (groupe d’insectes volants qui comprend les libellules et les demoiselles) lorsqu’il s’est mis à explorer l’étang non loin de la maison où il a passé sa petite enfance dans la vallée de l’Okanagan. Dans la cour de son ancienne maison à Victoria, il a installé un réseau de trois étangs, conçus pour attirer des libellules et des demoiselles aux noms hauts en couleurs comme la queue de fourche du Pacifique, le dard aux yeux bleus et le cardinal des prés.
« Les libellules sont des prédateurs du niveau supérieur dans la chaîne alimentaire des invertébrés : elles peuvent être liées à qualité de l’habitat et ont souvent été identifiées comme d’excellentes indicatrices de la santé des écosystèmes », explique Rob Cannings, qui précise que puisque de nombreux systèmes aquatiques comme les tourbières, les marais et les petits lacs ne se prêtent pas à la pêche, les invertébrés comme les libellules sont parfois la seule espèce baromètre pratique.
« De nombreuses espèces de libellules sont à un habitat et leur présence peut être utilisée pour caractériser des milieux humides sains de toutes sortes », fait-il observer.
Compte tenu de l’importance de ces insectes dans la chaîne alimentaire et comme baromètres de la santé des écosystèmes, que pouvons-nous faire pour sauver nos libellules? Selon Rob Cannings, c’est l’insecte lui-même qui est source d’espoir. Les odonates se prêtent parfaitement à des programmes de surveillance à long terme parce que ce sont de grandes créatures diurnes colorées qu’il est facile d’observer, ce qui en fait d’excellents candidats pour les programmes d’interprétation de la nature et les plateformes de science citoyenne comme inaturalist.org ou bugguide.net.
Si la conservation de nos milieux humides est essentielle pour protéger ces acrobates du ciel, les sondages et la surveillance sont également importants pour « mieux connaître les changements dans l’habitat et la biodiversité en raison de l’activité humaine et du réchauffement du climat », note-t-il.
Inspiré par les insectes?
Rob Cannings dit qu’il est aussi heureux de se retrouver immergé à la hauteur de la taille dans un étang, en examinant un nouvel insecte à l’aide de son microscope ou en rédigeant, sur son portable, les grandes lignes d’un nouvel article sur ses découvertes. À l’heure où les inquiétudes sociétales comme les changements climatiques, la dégradation de l’habitat et la pollution lumineuse se multiplient et peuvent occuper ses pensées, il continue de se consacrer à allumer l’étincelle de l’imagination de la prochaine génération de naturalistes.
Voici les conseils qu’il donne aux entomologistes en herbe et aux défenseurs de la conservation des insectes :
- Soyez curieux et appliquez-vous. Étudiez, apprenez et lisez — beaucoup.
- Faites du bénévolat dans un musée, une université ou un centre de recherche du gouvernement.
- Documentez vos découvertes, prenez des notes détaillées et visitez des plateformes comme iNaturalist et BugGuide.
- Participez à des programmes d’amélioration de l’habitat et à des efforts de surveillance des espèces dans votre localité.
- Faites partie d’une société d’histoire naturelle ou d’entomologie de votre localité (qui peut offrir des programmes pour les amateurs ou les étudiants).
- Prenez la parole en public et participez à des programmes de formation coopératifs pour prendre de l’expérience.

Voici le Projet Libellule de CIC
Les populations de libellules s’adaptent et survivent depuis plus de 300 millions d’années. Aujourd’hui, elles nous lancent un avertissement — et nous devons agir. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons tous faire œuvre utile. Voici trois moyens faciles d’apporter de l’aide :
- Faites un don ponctuel : Donnez à peine 50 $ aujourd’hui pour sauvegarder une zone de milieux humides égale à la superficie d’une maison moyenne — soit l’habitat essentiel des libellules : canards.ca/donner
- Soyez un scientifique citoyen : Profitez de l’occasion que vous avez d’enregistrer vos observations de libellules dans le Projet Libellule sur iNaturalist. Suivez-nous sur les médias sociaux pour des mises à jour.
- Tenez-vous au courant : Inscrivez-vous à notre infolettre mensuelle pour suivre nos efforts et nos activités de conservation sur le site canards.ca/restez-au-courant