Située dans le comté d’Oxford, dans un couloir de transport achalandé du Sud de l’Ontario, Woodstock est une ville d’environ 40 000 habitants. C’est un lieu recherché, en raison des grandes entreprises qui y exercent leurs activités.
Modeste à ses débuts, cette ville a réuni, au milieu des années 1800, les deux villages de Blandford et de Town Plot. Les quartiers d’habitation ont été divisés par un marais printanier, et le village s’est développé dans les alentours. Les cours d’eau qui sillonnent toujours la ville aujourd’hui font partie alimentent la rivière Thames.
Qu’adviendra-t-il donc si le bassin hydrologique de Woodstock s’assèche? La rivière Thames serpente dans le sens sud-ouest et traverse un prospère territoire agricole — dont la ville de London, qui regroupe près de 400 000 habitants — avant de se déverser dans le lac Sainte-Claire et dans le réseau des Grands Lacs.
« Woodstock a remporté un franc succès à force d’attirer les promoteurs, confie Phil Holst, directeur de CIC et résident du comté d’Oxford depuis longtemps. Ce bassin hydrologique ne cesse de s’urbaniser. Or, grâce à l’aménagement du territoire, nos petits-enfants continueront d’avoir accès aux ruisseaux urbains et aux milieux humides, en récoltant les bienfaits pour la santé de l’eau salubre et de la vie en plein air. »
Que faire pour verdir le cœur d’une ville?
Pour Woodstock, il a fallu un groupe de bénévoles proactifs, un organisme de réglementation à but non lucratif expert et diligent et un conseil municipal clairvoyant pour réunir, un peu comme un casse-tête, les gens et les plans afin de régénérer leurs exceptionnels milieux humides urbains. Grâce à ces fructueuses années de dur labeur de Phil Holst, un mouvement a vu le jour pour apporter des changements d’envergure.
Roger Boyd préside Stewardship Oxford, conseil de bénévoles qui permet aux propriétaires fonciers d’avoir accès aux programmes de conservation. « Pour lancer un projet de réaménagement, il faut à la fois miser sur la volonté politique, obtenir l’approbation officielle, mobiliser la communauté et compter sur le soutien des bénévoles. Grâce à la persévérance inébranlable et à la patience de Phil Holst, nous sommes essentiellement en bonne voie d’aménager un lieu plus captivant. »

La triple couronne de Woodstock : un modèle de renouvellement du bassin hydrologique urbain
Jeff Krete encadre les projets de CIC dans le Centre-Sud de l’Ontario. « Nous travaillons dans le comté d’Oxford depuis les 20 dernières années, explique-t-il. Woodstock est un exemple de ce qui peut être accompli dans les travaux de restauration planifiés au fil des années. »
Récemment, il a travaillé avec les partenaires de Woodstock sur d’importants sites du domaine public, dont une série de milieux humides sur la rivière Thames, le réaménagement du bassin Hodges et le site le plus récent : la restauration de Brick Ponds, friche industrielle urbaine.
« Les projets publics sont rassembleurs, lance-t-il. Phil a souvent montré la voie, en misant sur le savoir-faire et le soutien financier de CIC. En réalité, ce n’est que le début : mais il s’agit d’un bon point de départ pour assurer durablement la qualité de l’eau dans ces bassins hydrologiques. »
Brick Ponds
Au milieu des années 1800, Brick Ponds était un gisement d’argile exploité pour la fabrication de la brique rouge qui a permis de construire la ville, dont des édifices patrimoniaux comme l’église Old St. Paul. Au fil de dizaines d’années, les milieux humides qui ont vu le jour se sont dégradés et ont cédé la place à des bosquets touffus de roseaux envahissants, appelés phragmites, qui ont délogé les végétaux indigènes.
Roger Boyd a fait la navette pour sortir de Brick Ponds pendant près de 20 ans. « J’ai été témoin de nombreux changements pendant tout ce temps, indique-t-il. Au début, un lotissement controversé a été aménagé sur un coin de la propriété, ce qui a eu pour effet de supprimer le couvert végétal et de détruire un site de nidification bien connu pour la sarcelle à ailes bleues.
Le ruissellement avait souvent pour effet de brunir l’eau. Les phragmites se sont répandus sur les berges du bassin, et les tortues étaient souvent écrasées lorsqu’elles traversaient l’artère achalandée. »
En 2018, le conseil municipal de Woodstock s’est prononcé unanimement en faveur du réaménagement de Brick Ponds, et l’un des plus importants milieux humides urbains au Canada a amorcé un parcours qui a transformé cette friche industrielle pour en faire un point de rassemblement. Cet été, les travailleurs ont commencé à redonner sa forme au bassin dégradé dans les milieux humides plus profonds qui permettent de filtrer l’eau, d’abriter la faune et d’endiguer les inondations printanières.
« Récemment, j’ai vu des sternes caspiennes se rassembler ici, précise-t-il. Même avant la restauration, le grand héron et la grande aigrette venaient y chasser chaque fois qu’il y avait un plan d’eau ouvert, et tous les types de sauvagine y séjournaient pendant la saison migratoire. »
We need to raise awareness among Canada’s urban populations about wetlands. One of the best ways to show people what wetlands can do is to build them in their own backyards. That way, people can see and enjoy them, and then they see that wetlands actually work for them as natural infrastructure.
Hodges Pond et Cedar Creek
Il s’est écoulé deux ou trois ans depuis la restauration d’un ancien bassin de flottage un peu au sud de Woodstock, ce qui a précipité le réaménagement de Cedar Creek, affluent de la rivière Thames.
Les eaux peu profondes d’Hodges Pond ont été envahies par une charge massive de sédiments depuis sa mise en service active à une époque lointaine. Les eaux chaudes et ténébreuses ont traversé le barrage du bassin de flottage, et les poissons indigènes qui pullulaient jadis dans le ruisseau étaient de moins en moins nombreux.
En 2016, les partenaires de Woodstock ont ouvert le barrage du bassin de flottage et lancé d’ambitieux projets de naturalisation du cours d’eau et du paysage environnant. Le changement est absolument et littéralement vital.
Cedar Creek a repris sa vocation de cours d’eau à l’origine, et on a placé à la main, dans le lit du ruisseau, des roches et des rondins qui donnent de l’ombre aux poissons et qui permettent aux tortues de lézarder au soleil. L’excavation, pendant des dizaines d’années, de la vase accumulée a transformé le bassin en une série de bassins interreliés où fleurissent les plantes indigènes.
Les écoliers de la localité y plantent des arbres. L’expérience de la collectivité est importante pour les enfants de Woodstock, confie Nicole Steele, enseignante à l’école publique Algonquin.
« Ils pourront un jour revenir sur les lieux et voir ce qu’ils ont accompli. Ils pourront peut-être même raconter à leurs enfants qu’ils ont aidé à y planter des arbres et à redonner à ce lieu toute sa majesté. »
Milieux humides de la rivière Thames
En sortant de la ville, la rivière Thames s’écoule dans le sens sud-ouest et traverse une série de milieux humides récemment réaménagés à partir des vieux méandres creusés sur la plaine inondable. Cet habitat naturalisé attire la faune dans le couloir de la rivière.
Le terrain appartient au comté d’Oxford et fait partie du réseau de sentiers de la région. Les familles de Woodstock viennent y faire des randonnées et des promenades et s’arrêtent dans le pavillon de repos pour observer la rivière et les oiseaux parmi les arbres.
Il n’est guère étonnant que tant de gens veuillent y habiter.
Les projets d’aménagement des milieux humides menés par CIC dans le bassin hydrologique de Woodstock ont été financés par Intact Corporation financière et la Fondation Cowan, de concert avec le gouvernement de l’Ontario, le Fish and Wildlife Service des États-Unis dans le cadre de la North American Wetlands Conservation Act et d’autres organismes de la localité.