Cet été, le Conservationniste a lancé ce défi à Lauren Bortolotti, chercheuse scientifique auprès de l’Institut de recherche sur les terres humides et la sauvagine (IRTHS) de CIC : Pouvez-vous nous dire combien de carbone nous avons séquestré dans les 82 années d’histoire de notre organisme?
Lauren Bortolotti n’a pas mis de temps à nous répondre :
Séquestration du carbone dans le cadre des projets de CIC pendant toute l’histoire de l’organisme (depuis 1938) : 48 483 788 tonnes de dioxyde de carbone (équivalent de CO2) dans les stocks de milieux humides et de prairies. Il s’agit de 34 966 834 tonnes d’équivalent de CO2 grâce à la rétention des milieux humides et des prairies et de 13 516 954 tonnes d’équivalent de CO2 grâce à la restauration des milieux humides et des prairies.
Deux raisons expliquent l’importance de ces chiffres.
D’abord, 48,5 millions de tonnes, c’est une quantité colossale de carbone. Pour le contexte, c’est l’électricité consommée par 8 millions de foyers (8 208 594 pour être précis) ou l’équivalent de la contrepartie de la consommation de 112 250 214 barils de pétrole en un an. On entend dire qu’il faut planter des arbres pour contrer les émissions de carbone. Grâce à la restauration et à la rétention des milieux humides, nous avons séquestré l’équivalent de 727 280 615 semis d’arbres cultivés pendant 10 ans.
Puis, ces chiffres démontrent —, en données réelles —, l’impact que nous avons sur le territoire canadien que nous nous partageons. Et il s’agit peut-être du dialogue que nous — et tout le secteur des organismes environnementaux à but non lucratif — devons avoir plus souvent avec les Canadiens.
Lauren Bortolotti fait partie d’un groupe d’ardents scientifiques qui produisent des travaux de recherche défricheurs et de grande qualité, grâce auxquels CIC vient en tête du peloton. Cette équipe a produit plus de 700 publications, dont la plupart nous aident à guider nos travaux de conservation sur le terrain. Ces professionnels assurent simplement la liaison entre l’analyse de notre territoire et la résolution des problèmes qu’affrontent la sauvagine et les milieux humides. En outre, et nous l’affirmons dans le plus grand respect, ils comptent parmi les plus fervents adeptes des oiseaux dans les annales.
Or, notre passion pour les données de qualité n’est pas exclusive à l’IRTHS. Nous nous sommes engagés à réunir, d’un océan à l’autre, les données significatives à consulter dans tous les aspects de notre activité. Honnêtement, nous ne pourrions pas travailler autrement. Nous prenons des décisions fondées sur la science parce que nous nous engageons à faire vraiment œuvre utile afin de créer des territoires durables, d’aménager des milieux humides sains et de compter sur de l’eau salubre d’un océan à l’autre. Et nous avons besoin de données exceptionnelles pour savoir si nous réussissons.
Notre communauté de conservationnistes réunit aussi 111 025 personnes qui (comme vous) nous font confiance pour faire mieux que des déclarations retentissantes ou des slogans — et beaucoup plus que ce que ce magazine peut mettre en lumière. Consulter les données pour prendre de meilleures décisions est un moyen de veiller à offrir cette aide.
Notre volonté d’engagement et de responsabilité prend aujourd’hui une importance renouvelée. En affrontant des perspectives économiques comme jamais ce pays n’en avait connu, nous avons eu tôt fait de présenter les données confirmant que la reprise corrélée devait s’étendre à la conservation, puisqu’après tout, nous avions les données pour le prouver.
Mesurer ce qui compte
Ce que nous avons accompli (depuis 1938)
- 11 299 projets d’habitat;
- 2,63 millions d’hectares conservés (dont 1,376 million d’hectares restaurés);
- 77,13 millions d’hectares orientés favorablement grâce aux politiques d’intérêt public et aux partenariats
Rien que dans la dernière année, nous avons conservé 43 816,9 hectares d’habitat et orienté favorablement 9,7 millions d’hectares supplémentaires.
Chaque année, plus de 534 000 canards nicheurs comptent sur les 2,63 millions d’hectares confiés aux bons soins de CIC.
Des millions d’autres profitent des zones dont nous orientons l’aménagement dans le cadre de nos partenariats de conservation.

La valeur économique de nos bienfaits environnementaux est de 5,1 milliards de $
- Lutte contre le dérèglement du climat : 1,58 milliard de $ (Stocker et séquestrer le carbone dans les sols et les plantes.)
- Ravitaillement en eau : 1,48 milliard de $ (Fournir l’eau potable et l’eau à consommer dans l’agriculture et l’industrie.)
- Purification de l’eau : 969 millions de $ (Traiter et purifier l’eau en absorbant les polluants.)
- Pollinisation : 459 millions de $ (Aménager l’habitat des abeilles, des papillons et des autres pollinisateurs.)
- Régulation du débit de l’eau : 306 millions de $ (Maîtriser les déplacements de l’eau dans le territoire.)
- Biodiversité : 102 millions de $ (Préserver l’habitat qui permet d’accueillir une pléiade d’êtres vivants.)
- Alimentation : 102 millions de $ (Fournir les sources d’aliments comme les poissons et le gibier.)
- Prévention de l’érosion : 51 millions de $ (Enrayer l’érosion des sols.)
- Contrôle biologique : 51 millions de $ (Soutenir les plantes et les organismes qui permettent de lutter contre la vermine et les maladies.)
Nos travaux sont également utiles dans d’autres domaines :
- Loisirs et tourisme liés à la nature : 244,3 millions de $
- Contribution au produit intérieur brut: 90,3 millions de $
Source : Anielski, Mark, John Thompson et Sara Wilson, 2014, A Genuine Return on Investment: The Economic and Societal Well-being Value of Land Conservation in Canada, calculs fondés sur les chiffres de 2012 et corrigés de l’inflation.
Talk about maximizing value! For every $1 invested in DUC conservation, restoration, and wetland management efforts, society receives $22 worth of economic, ecological, and societal well-being benefits.

La mesure : Notre mot d’ordre depuis le premier jour
La qualité des données n’est pas nouvelle pour CIC. Dans les années 1930, les pionniers de ce qui allait devenir Ducks Unlimited aux États-Unis et Canards Illimités Canada savaient que pour gérer les populations continentales de sauvagine, il fallait d’abord en analyser le déclin. On se rappelle encore aujourd’hui que le Recensement international des canards sauvages de 1935 est le recensement statistique le plus ambitieux jamais réalisé sur la faune.
Ce recensement s’est étendu sur 2 millions de kilomètres carrés au Canada et sur près de 600 000 kilomètres carrés aux États-Unis. En-deçà de notre frontière, A.C. Camerle, John Huntington et Arthur Bartley ont passé trois semaines dans un petit avion à documenter 22 500 kilomètres du haut des airs. Ils ont pris presque 1 000 photos à l’aide d’appareils à main pour étudier ce qui constituait à leur avis la zone de nidification centrale des canards. Au sol, 1 500 propriétaires fonciers et agriculteurs ont généreusement donné de leur temps pour remplir les formulaires de recensement et participer à la collecte des données. Fidèle à l’esprit premier de la philanthropie institutionnelle, la Chrysler Cooperation a prêté des camions Dodge pendant que les fabricants d’armes et de munitions aidaient à financer une partie des coûts.
Le résultat de ces efforts a donné lieu au premier compte rendu nord-américain complet des populations de sauvagine, estimées à 42,7 millions de canards cette année-là.
Le recensement est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles les décisions fondées sur la science et le bénévolat sont toujours les pierres angulaires du legs conservationniste de CIC et des activités exercées aujourd’hui.
Les recensements restent fructueux
Les recensements statistiques annuels nous apprennent que depuis 1970, grâce à de judicieux investissements dans la conservation des milieux humides, promus par des organismes comme le nôtre et par tant d’autres, les populations de canards ont pu augmenter de 150 %. De combien de canards s’agit-il?
- 38,9 millions de canards nicheurs en 2019
Comme tant d’autres activités en 2020, le recensement des oiseaux nicheurs de cette année a été suspendu — et aucune information n’a été publiée cette année sur la situation des espèces de canards (désolé!).
La vie prospère dans les milieux humides du Canada — et nous entendons tous qu’il en soit ainsi.
Dans nos milieux humides, des centaines d’espèces trouvent couvert et gîte et élèvent leur progéniture. Il s’agit de :
- 338 espèces d’oiseaux
- 101 espèces de mammifères
- 43 espèces d’amphibiens
- 38 espèces de reptiles
- 31 espèces de poissons
Notre effet domino
Pour en savoir plus sur l’envergure de notre impact, veuillez consulter canards.ca/effetdomino
Veuillez consulter notre rapport annuel 2020