J’ai grandi en Pennsylvanie. Biologiste en herbe, j’ai eu la chance de décrocher le tout premier stage pratique offert au Sanctuaire de la montagne Hawk, connu et reconnu dans le monde entier. La formation géologique de cette montagne et les parcours migratoires des oiseaux de proie obligent naturellement les nuées d’oiseaux à traverser ces affleurements rocheux, ce qui en fait un site idéal pour observer les éperviers, les aigles, les faucons et les vautours.
Quand je ne nettoyais pas les salles de toilettes (en se rappelant que j’étais stagiaire…), je m’asseyais sur un rocher, en balayant le ciel du regard et en comptant les éperviers. Je me servais d’un compteur à main pour dénombrer les bandes de petites buses, qui pouvaient se chiffrer à des dizaines de milliers, et j’enregistrais mes observations sur une feuille de papier.
Aujourd’hui, j’habite au Manitoba (et, puisque le hasard fait bien les choses, les Montagnes aux Canards ne sont pas loin). Je n’ai jamais été aussi passionné par l’observation et le recensement de la faune. Il se pourrait très bien que vous soyez vous aussi inspirés, en tant que membres de CIC, par l’univers de la nature. Il y a aujourd’hui d’innombrables moyens de se consacrer à sa passion et de la partager avec d’autres. Grâce à l’explosion des applications mises au point pour observer la nature, surtout eBird et iNaturalist, c’est tout un monde de possibilités qui est à notre portée. Et grâce à leur capacité de reconnaître les images et à la solide communauté d’utilisateurs qui nous aident à recenser les espèces, il n’est pas nécessaire d’être un expert.
Bienvenue dans le monde de la science citoyenne, aussi appelée science communautaire, selon votre point de vue.
CIC connaît depuis longtemps l’importance des observations faites par ceux et celles qui vivent et travaillent sur le terrain. Nos premiers bénévoles, qui s’appelaient les « Keemen », étaient nos yeux et nos oreilles : ils nous adressaient par écrit les comptes rendus de la sauvagine qu’ils repéraient, ainsi que des conditions de l’habitat. Ces premiers scientifiques citoyens nous ont aidés à orienter notre planification de la conservation. C’est une tradition qui se poursuit aujourd’hui, dans les rapports réguliers sur l’habitat que nous soumettent nos employés sur le terrain et dans les anecdotes que nous communique notre réseau de bénévoles, de supporteurs, de surveillants de nichoirs et de partenaires et propriétaires fonciers.
Aujourd’hui, les progrès de la technologie permettent à n’importe qui, n’importe où, de capter et d’enregistrer les observations de la faune sur un téléphone mobile, et les améliorations apportées à la théorie de la statistique nous aident à nous servir de ces données. Je pourrais vous abreuver de points techniques. Or, ma rédactrice en chef m’indique qu’il serait préférable de consacrer mon temps (et le vôtre) à parler de l’utilité de ces données dans la recherche sur la conservation.
Grâce au financement de Techno nature RBC, les scientifiques de l’Institut de recherche sur les terres humides et la sauvagine (IRTHS) sont en train de mettre au point un outil pour réduire les incertitudes dans l’évaluation de l’impact de nos efforts de conservation et de restauration de l’habitat. Ils tâchent de répondre à des questions comme celles-ci : Est-il vraiment certain que les changements apportés au territoire se répercutent sur sa biodiversité, et quelle est l’importance de ces répercussions? Combien d’autres espèces fauniques peut-on soutenir dans une région peuplée de hautes herbes plutôt que de terres agricoles? Combien d’autres espèces pourrait-on soutenir dans un quart de section (65 hectares) du territoire agricole si on aménageait un nouveau milieu humide?
En faisant appel aux données de recherche des observations de la faune récoltées dans l’application iNaturalist et dans d’autres sources, l’équipe de l’IRTHS est en train de mettre au point des modèles de distribution pour la faune que l’on trouve dans les Prairies canadiennes, ce qui permettra aux conservationnistes de connaître les répercussions, sur l’occurrence de certaines espèces, d’un changement apporté au territoire.
Ces modèles serviront à créer un outil grâce auquel nous pourrons mieux analyser les caractéristiques du territoire qui contribuent à l’agriculture et à la biodiversité à l’échelle du paysage dans les Prairies du Canada; les scientifiques pourront ainsi cartographier le potentiel de la biodiversité d’un secteur. Ces modèles aideront aussi les propriétaires fonciers et les producteurs agricoles à mieux analyser l’aide qu’ils peuvent apporter dans la conservation de la biodiversité grâce à leurs activités de gestion du territoire.
Telle est la science citoyenne dans ce qu’elle nous offre de mieux : une communauté de conservationnistes animée du même esprit, qui peut contribuer à un corpus de connaissances et améliorer notre analyse du monde naturel, pour que nous puissions agir afin de le protéger.
À une époque où nous recherchons des moyens de rester connectés, je dirais que participer à ces activités (grâce à ces applications) est un bon investissement de son emploi du temps. À vous de jouer maintenant.
C’est tout pour les points techniques. Portez-vous bien.
Réveiller le biologiste qui sommeille en vous
Cet automne, enregistrez vos observations ornithologiques grâce à l’outil Migration Tracker de CIC dans iNaturalist. C’est un excellent moyen de profiter de l’automne, en nous communiquant de précieuses données qui viendront éclairer les efforts de conservation de demain. Pour en savoir plus, consultez le site canards.ca/migration-tracker