Cette ferme s’appelle le domaine Elsie
Ponctuée de pâturages, de monticules et de fondrières des Praires, elle s’étend sur 80 hectares non loin de Bashaw en Alberta. Et elle est traversée par un marécage.
Pour Linda Arnold, la fille d’Elsie, ce marécage est un lieu peuplé de merveilles. La nuit, les huards hululent comme des fantômes au loin. Le plumage verdâtre des canards colverts se reflète sur l’eau, les cygnes migrateurs jaillissent et les foulques d’Amérique plongent la tête dans l’eau pour ensuite la secouer énergiquement. Parfois, un orignal et son petit s’égarent; les castors et les rats musqués patrouillent dans les eaux limoneuses. Linda Arnold, toute captivée par les récits de Tom Sawyer de Mark Twain, a déjà essayé de s’y rendre en radeau; son navire de fortune, fabriqué à partir d’une vieille porte, s’est enlisé dans la boue dès son premier voyage.
Mais le domaine Elsie rappelle aussi de mauvais souvenirs à Linda Arnold. Ses parents, tous deux immigrants polonais et germanophones, ont acheté la propriété en 1945. Ils ont mené une vie de misère : le domaine se prêtait mal à l’agriculture mixte que ses parents essayaient d’arracher à la terre, en tâchant d’assurer la subsistance de Linda et de sa sœur cadette.
Les défis
C’est le suicide stupéfiant et brutal de son père, alors qu’elle avait à peine 11 ans, qui a changé à jamais l’idée qu’elle se faisait du domaine. Sa mère Elsie n’a jamais parlé de ce décès et ne l’a jamais expliqué non plus. La disparition de son père laissait Elsie démunie, elle qui avait deux filles et qui ne parlait pas du tout l’anglais. Elle devait s’occuper du bétail, des cochons et des poulets, en plus de labourer la terre.
« Je me rappelle que ma mère tirait la moissonneuse avec notre tracteur Massey Harris 44. Je me tenais d’une main sur le siège de la moissonneuse, en me servant de l’autre main et de mes pieds pour actionner les pédales afin de faire avancer la moissonneuse que ma mère tirait pour traverser le champ », se rappelle Linda Arnold.
En 1960, Arnold quitte la ferme familiale pour aller étudier les soins infirmiers à Edmonton. Quelques années plus tard, elle fait la connaissance de son mari, Stanley, élégant militaire, à l’occasion d’un rendez-vous surprise. Sur les ordres de l’armée, ils s’installent sur une base militaire du Manitoba. En 1966, ils rentrent à Edmonton, visitent le domaine Elsie les fins de semaine avec leurs deux enfants sur la banquette arrière et s’occupent d’Elsie dans ses dernières années.

Prendre soin des terres
En 2008, Elsie disparaît et est inhumée sur la ferme qu’elle adorait, même si le domaine ne lui a toujours pas rendu cet amour. « Ce lieu était ce qu’il y avait de plus important dans sa vie. C’était son refuge », confie Linda Arnold. La ferme et tous ses souvenirs lui appartenaient désormais.
Linda Arnold a décidé de ne pas léguer le domaine et son fardeau à sa progéniture. Puis, pendant des mois et des années, elle a essayé en vain de communiquer avec les organismes provinciaux et fédéraux et les groupes conservationnistes. Elle a finalement appelé Chris Clarkson, gestionnaire des Dons planifiés de CIC, qui souhaitait protéger le domaine et son marécage pour la sauvagine.
« Ma mère m’a toujours dit de prendre soin du domaine et qu’il prendrait soin de moi, se rappelle-t-elle. J’ai pensé que c’est ce que ferait Canards Illimités. »
Quand j’ai signé sur la ligne pointillée et que le marché a été conclu, je me suis sentie délivrée d’un poids énorme. Je savais que c’était exactement ce qu’il fallait faire », explique-t-elle.
À 80 ans, Linda Arnold peut toujours aujourd’hui visiter la ferme chaque fois qu’elle le souhaite. Et elle tient effectivement à s’y rendre par respect pour le combat de toute une vie mené par sa mère sur ce domaine. Elle reviendra et pourra, espère-t-elle, écouter le coassement des grenouilles et le cancanement des canards dans le marécage qu’elle chérissait. Et si elle a de la chance, elle pourrait peut-être entendre, la nuit, le trémolo d’un huard au loin et être en paix.
Les dons fonciers : des solutions conservationnistes qui apportent la tranquillité d’esprit
Dans ses fonctions de professionnel des dons planifiés de CIC, Chris Clarkson a été témoin de nombreux exemples des relations complexes que les gens peuvent avoir avec le territoire. Que la relation soit harmonieuse ou difficile (ou les deux à la fois), le domaine a le pouvoir incomparable de modeler l’existence. Ainsi, quand il s’agit de réfléchir à des décisions dans la planification foncière et successorale, Chris Clarkson peut aider des familles à adopter des options qui donnent de bons résultats dans leur situation.
« Dans le cas de Linda Arnold, nous pouvions lui proposer une solution qui allégerait son fardeau foncier et qui lui permettrait de garder des liens avec ce qu’il y avait de bon sur ce domaine, précise M. Clarkson. En tant qu’organisme de conservation de l’habitat, CIC est en mesure de gérer à long terme les dons fonciers; c’était une question importante à ses yeux. »
Chris Clarkson fait observer que les dons fonciers ou successoraux permettent aux donateurs de réaliser des économies d’impôts substantielles et d’énormes avantages dans la planification successorale. Dans certains cas, CIC peut consacrer à la conservation et à la protection des zones naturelles le produit de la vente des domaines qui lui sont légués.
Chris Clarkson recommande de s’adresser à un avocat, à un conseiller financier et à un fiscaliste afin de savoir si, pour votre patrimoine, c’est une donation foncière qui est la solution la mieux adaptée à vos besoins personnels et à votre situation financière. Lui et Janice O’Dette, gestionnaire des Dons planifiés de CIC dans l’Est du Canada, sont aussi à votre disposition pour discuter des moyens grâce auxquels vous pouvez faire fructifier votre terre, aujourd’hui et demain.
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