Les canards ne restent pas indéfiniment dans leurs aires de reproduction au Canada. Heureusement qu’ils savent voler, compte tenu des distances qu’ils parcourent pour se rendre sous des cieux plus cléments en hiver.
Or, ce sont loin d’être des vols de plaisance. La sarcelle à ailes bleues de l’Alberta et du Manitoba peut parcourir plus de 6 000 kilomètres pour se rendre au Venezuela ou au Pérou. Des chercheurs ont suivi un canard pilet qui a franchi sans arrêt un parcours migratoire de 3 000 kilomètres. Et l’eider à tête grise peut quant à lui parcourir 10 000 kilo-mètres par an entre l’Arctique et le littoral de l’Alaska ou de la région de l’Atlantique.
Nous avons préparé cet aperçu à l’intention de ceux et celles qui s’interrogent sur les caractéristiques physiques qui viennent propulser les canards dans le ciel et qui leur permettent de survivre à ces éprouvants parcours. Dites-vous qu’il s’agit de votre manuel de bord personnel. Prêt à décoller?

Les ailes
- Les canards ont de petites ailes; ils ne peuvent donc pas les déployer comme le fait le faucon. Ils doivent battre rapidement de l’aile, à raison d’environ 10 battements à la seconde, pour porter leur corps relativement imposant. Leurs ailes sont longues et pointues, comme ceux du faucon pèlerin, qui est l’oiseau le plus rapide sur Terre. Grâce à la forme de leurs ailes et à leurs battements d’ailes fulgurants, la plupart des canards peuvent se déplacer à 80 kilomètres à l’heure!
- Si les canards ne volent pas aussi rapidement, c’est qu’ils sont moins agiles par rapport à des oiseaux comme les hirondelles, qui doivent faire des virages rapides et précis en chassant les insectes sur les terres de pâturage et dans les milieux humides. Le canard barboteur a des ailes légèrement plus larges et mieux adaptées pour pouvoir éviter les obstacles comme les arbres et les quenouilles dans les milieux humides. Les plus longues ailes du canard plongeur lui permettent de voler sur les plans d’eau ouverts, là où la manœuvrabilité n’est pas aussi cruciale.
- Les plumes des ailes ont une forme asymétrique et se chevauchent, de sorte que l’aile est à la fois incurvée et conique. Les puissants muscles des ailes qui propulsent ces battements sont utiles aux canards; or, c’est cette forme fondamentale de l’aile qui permet au canard de voler.
Le saviez-vous?
La sauvagine a 12 000 muscles cutanés distincts, qui servent à maîtriser les plumes. Les canards et les bernaches soulèvent ou compriment leur plumage de différentes manières pour régler la chaleur du corps, plonger sous l’eau et exprimer des émotions comme leur agressivité ou leur amour.
Quand les plumes se mettent à voler
La plume est au canard ce que le cheveu est à l’humain. Elle isole le corps de l’oiseau, attire les partenaires potentiels et apporte une forme aérodynamique pour le vol. Le vol est un exploit qui réclame plusieurs types de plumes différents.
Les canards ont des rémiges primaires longues et raides. Il s’agit des plumes de l’aile qui sont le plus éloignées du corps. Elles sont attachées à l’aide de ligaments qui seraient l’équivalent de l’os de la « main », si le canard avait des mains. Elles sont donc essentielles pour permettre de voler : les oiseaux domestiques dont les ailes sont « rognées » se font couper les rémiges primaires, ce qui les empêche de voler. Les rémiges primaires assurent la poussée dans les battements descendants. Elles sont plus foncées aux extrémités en raison de la forte concentration de mélanine — qui donne sa couleur à la peau humaine —, de sorte que le bout de ces plumes essentielles résiste à l’usure.
Les rémiges secondaires sont les plumes de vol les plus courtes; elles sont attachées à l’os de l’« avant-bras ». Elles protègent les rémiges primaires et les aident dans leur portance. Elles constituent le miroir, jaillissement de couleurs qui égayent les ailes de la plupart des canards, soit le vert, le bleu, le pourpre ou le blanc iridescent, selon l’espèce. En ascendance, les rémiges primaires se déploient pour laisser passer l’air, alors que les rémiges secondaires pulsent l’air hors des ailes, pour assurer la portance.

Les plumes de couverture couvrent, des deux côtés de l’aile, les bases des rémiges primaires et des rémiges secondaires. Elles tracent les contours de l’aile, en créant une surface lisse pour optimiser le passage de l’air. Les plumes de couverture de l’aile de la sarcelle à ailes bleues constituent également leur spectaculaire tache de couleur bleu cobalt sur les ailes.
Les plumes de la queue servent de gouvernail et permettent de stabiliser et de maîtriser le vol.
Parce que le canard a un corps imposant et de petites ailes, il peine à voler à basse vitesse. L’ ailette — ou alule (du latin alula) — est un groupe de trois à cinq plumes qui s’attachent au même endroit que le pouce chez les humains. L’alule permet à l’oiseau de freiner quand il s’apprête à se poser.

Habitat matters, too!
Les canards ont naturellement ce qu’il faut pour voler. Or, ils ont aussi besoin d’être appuyés par leur équipe au sol (ça, c’est vous). Il est nécessaire d’investir continuellement dans la conservation de l’habitat et dans la recherche scientifique pour relever des défis comme la régression de l’habitat et l’alimentation dans les aires de reproduction et d’hivernage de la sauvagine.
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