En novembre, les dirigeants mondiaux se sont réunis à Glasgow en Écosse dans le cadre de la Conférence des parties des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26). Les nouvelles les plus catastrophiques ont dominé nos fils d’actualité, interrompu nos échanges sociaux et réclamé notre attention pendant les bulletins de nouvelles publiés en soirée. Les enjeux du changement climatique sont toujours en tête de liste, au Canada et partout ailleurs dans le monde.
Si les grands titres les plus alarmants sur le changement climatique et l’urgence d’intervenir monopolisent l’attention, ils peuvent aussi avoir des incidences sur notre santé mentale, comme on peut le constater dans la multiplication des cas de ce que les psychologues appellent l’« écoanxiété », qui s’entend de l’angoisse que l’on éprouve sur ce qu’on a déjà perdu et de l’inquiétude à propos des dérèglements du climat et de leurs effets, aujourd’hui et demain.
Selon un rapport publié en novembre par l’American Psychological Association, plus des trois quarts des Américains font savoir qu’ils sont préoccupés par le changement climatique et environ 25 % affirment qu’ils sont « alarmés ». Les jeunes sont frappés de plein fouet. Un sondage effectué cet automne par Ipsos a révélé que parmi 501 Canadiens de 18 à 29 ans, 59 % des répondants redoutent le changement climatique, alors que 57 % sont nerveux et que 41 % se sentent coupables.
Or, les écoanxieux peuvent recourir à des moyens d’alléger leurs symptômes, qui peuvent s’exprimer du point de vue physiologique, psychologique, cognitif, affectif et comportemental.
L’un des remèdes réside dans les petits gestes posés pour la nature, notamment la conservation.

Psychologue : les stratégies d’adaptation consistent à sortir
Selon la psychologue montréalaise et experte-conseil en formation environnementale Inês Lopes, Ph. D., « Agir pour l’environnement peut vous redonner votre maîtrise de la situation ».
Inês Lopes a travaillé ce printemps en collaboration avec Canards Illimités Canada (CIC) afin de mettre au point des activités d’apprentissage en ligne pour les étudiants et les éducateurs, afin de motiver les étudiants en les aidant à composer avec leur angoisse dans ces temps d’incertitude. Grâce à ces ressources, les étudiants apprennent que les milieux humides peuvent jouer un rôle dans la lutte contre le changement climatique, en plus d’apprendre à triompher de leurs émotions liées au changement climatique (colère, sentiments d’impuissance et tristesse), à agir et à adopter d’autres stratégies d’adaptation.
Inês Lopes s’est inspirée d’un modèle de stratégies d’adaptation mis au point par la psychologue Lucie Côté pour permettre de triompher de l’écoanxiété. Dans ces stratégies, on recommande d’atteindre un équilibre entre le souci de l’environnement et le souci du bien-être personnel. « Agir pour la nature offre des moyens réalistes et prodigieux de rester positif et de garder espoir malgré le changement climatique et les autres formes de dégradation de l’environnement, confie Mme Lopes. Il va de soi que profiter de la nature est aussi un excellent moyen de refaire le plein d’énergie. »

“Conservation translates into concrete actions, which we encourage."
Des actes pour la nature qui peuvent aider à atténuer l’éco-anxiété
Inês Lopes suggère des moyens qui permettent à tous et à toutes de trouver cet équilibre. Par exemple, les milieux de travail pourraient mettre sur pied des programmes de recyclage et de compostage, penser à mobiliser les employés pour planter des arbres ou aménager un toit vert ou un jardin de pollinisateurs pour les employés comme pour les visiteurs. Elle précise que les entreprises ont aussi « d’énormes responsabilités » et qu’elles sont invitées à faire le nécessaire pour répondre à l’intérêt et aux besoins croissants dans la gouvernance environnementale, sociale et institutionnelle (ESI) et à intégrer dans leurs stratégies des efforts de conservation et de protection de l’environnement.
Les consommateurs peuvent prendre leurs décisions d’achat en faisant des choix éclairés et écobienveillants. Par exemple, le nouveau Programme d’écoétiquette du blé d’hiver, convivial pour l’habitat et mis au point par CIC permet aux consommateurs de connaître tout de suite les produits alimentaires et les boissons fabriqués avec du blé d’hiver de l’Ouest canadien. La recherche nous apprend que le blé d’hiver est bon pour les canards et pour la santé des sols.
« Il est absolument essentiel de faire partie de clubs ou de projets qui favorisent la communion avec la nature, pour les adultes comme pour les jeunes », affirme Inês Lopes. Les ressources en changement climatique qu’elle a aidé CIC à mettre au point offrent aux étudiants des activités qu’ils peuvent mener à la maison, à l’école et dans leur collectivité, ce qui leur donne des moyens d’agir et leur apporte la confiance dans leur capacité d’orienter le changement et de faire œuvre utile pour l’environnement.
L’aide ou le bénévolat offert à des organismes qui, comme CIC, ont l’expérience du terrain dans la conservation et la restauration des habitats au Canada — habitats qui offrent une résilience naturelle au changement climatique — est également source d’espoir pour les écoanxieux. S’allier à un groupe de personnes qui ont les mêmes idées peut constituer une approche proactive lorsqu’il s’agit de favoriser un environnement plus sain et d’améliorer la santé mentale.
À l’heure où Inês Lopes et d’autres professionnels de la santé mentale tâchent d’offrir des solutions constructives aux particuliers et à des collectivités entières pour leur permettre d’amortir le choc du changement climatique sur leur santé mentale, elle affirme que recommander les gestes que l’on peut poser pour la nature est toujours un aspect essentiel de sa trousse d’outils d’adaptation.
« La conservation est une activité qui repose sur des points concrets, que nous encourageons », précise Inês Lopes.