Publié initialement dans le Telegraph-Journal le 21 décembre 2022.
Le gouvernement fédéral s’est fixé l’ambitieux objectif de conserver 30 % du territoire et de l’eau du Canada d’ici 2030 pour infléchir le déclin de la biodiversité et améliorer la résilience climatique. En décembre, la région canadienne de l’Atlantique était bien représentée à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) à Montréal, et le Nouveau‑Brunswick a profité de l’occasion pour annoncer qu’il protégerait une superficie supplémentaire de 277 900 hectares afin d’atteindre son objectif de conservation de 10 % du territoire et de l’eau douce de la province. Le gouvernement de la Nouvelle‑Écosse a pour sa part annoncé qu’il protégerait 9 300 hectares de plus, ce qui lui permettra de préserver 13 % du territoire provincial par rapport à l’engagement de 20 % qu’il compte tenir d’ici 2030.
Il s’agit de mesures importantes, compte tenu de l’ampleur des enjeux. La double crise des dérèglements climatiques et de la régression de la biodiversité menace notre santé, notre économie et notre avenir. Les milieux humides peuvent apporter de puissantes solutions, mais uniquement si nous nous engageons à « aller plus loin ». Il faut aller plus loin que les chiffres correspondant aux cibles actuelles de la conservation. Il faut regarder au-delà des frontières provinciales et nationales qui dictent les investissements dans la conservation. Et il faut aller plus loin que ce que nous croyons possible afin d’assurer la protection de nos milieux humides.
On pourrait croire qu’il s’agit de vœux pieux. Or, le rôle essentiel et complexe que jouent les milieux humides dans nos vies justifie les engagements audacieux et prospectifs dans la conservation. Voici pourquoi.
Les milieux humides font partie des habitats les plus divers sur la Terre. Malheureusement, ils font aussi partie des habitats les plus menacés. La dégradation des milieux humides, qui a de profonds retentissements sur les populations fauniques, la qualité de l’eau et la production d’aliments, exacerbe les effets des inondations et des sécheresses. En somme, les milieux humides font partie des écosystèmes les plus précieux dans le monde. Les provinces de l’Atlantique, qui ont progressivement recensé les valeurs exceptionnelles des milieux humides, sont intervenues pour les protéger en adoptant les premières politiques sur la conservation des milieux humides au Canada. Ces politiques les engagent à s’assurer qu’on ne perdra plus de milieux humides. Or, il faut consacrer plus de travail à leur protection pour s’assurer de les comprendre, de les préserver et de les respecter.
La Wolastoq (rivière Saint-Jean) est un excellent exemple de l’occasion que nous avons, ici même dans les provinces canadiennes de l’Atlantique, de promouvoir la biodiversité — et de bâtir un avenir plus vert de concert avec ceux et celles qui dépendent de la nature dont nous profitons tous. La Wolastoq, qui s’étire sur 673 kilomètres, est l’un des plus longs cours d’eau dans l’Est de l’Amérique du Nord. Le bassin hydrographique de ce cours d’eau s’étend sur 55 000 kilomètres carrés, qui s’étirent aux quatre coins du Nouveau‑Brunswick, du Québec et du Maine. En plus de constituer, avec leur plaine inondable, une escale importante pour les espèces migratrices dans leur parcours atlantique, les milieux humides assurent aussi l’habitat de 45 espèces en péril. Il s’agit de nombreuses espèces iconiques et adulées comme le saumon atlantique, la tortue des bois et le petit blongios.
Outre l’habitat faunique, la Wolastoq est essentielle pour fournir de l’eau propre aux collectivités, pour produire des aliments et pour offrir des activités récréatives. Il s’agit aussi d’une ressource vitale pour les Wolastoqiyik, les Passamaquoddy, les Mi’kmaq et d’autres Premières Nations qui s’en remettent à ces plans d’eau, ainsi qu’à leurs milieux humides, en raison de leur rôle essentiel dans la culture, la spiritualité et la subsistance de leurs nations depuis des millénaires. La conservation et la restauration des berges de la Wolastoq permettent aussi de protéger les collectivités contre les chocs météorologiques extrêmes. Puisque plus de 500 000 personnes habitent aujourd’hui dans le bassin hydrographique de ce cours d’eau, il est plus important que jamais de maîtriser les effets des inondations.
Voilà pourquoi Canards Illimités Canada s’est engagé à travailler en collaboration avec les collectivités, le gouvernement et l’industrie, au Canada comme aux États‑Unis, pour s’assurer que les milieux humides importants, biodivers et magnifiques de la plaine inondable de la Wolastoq — et des nombreuses collectivités dont elle assure la subsistance — seront pérennisés pour les générations de demain. Notre ambitieux projet de conservation de 3 millions de dollars sur 10 ans vise à reconstituer et à restaurer 1 900 hectares d’habitat des milieux humides d’eau douce essentiels.
De concert avec ses partenaires de Ducks Unlimited aux États‑Unis et au Mexique, Canards Illimités Canada a participé, avec les gouvernants mondiaux, à la COP 15 à Montréal, et nous avons été fiers de faire part de nos connaissances et de nos compétences dans la conservation sur la scène internationale. La nature ne connaît pas de frontières ni d’entités organisationnelles, et le succès de la conservation nous oblige à voir au-delà de ces frontières ou de ces entités. La communauté des partenaires et des supporteurs chargés de conserver nos habitats est tout aussi complexe que les écosystèmes que nous tâchons de protéger.
À l’heure où Canards Illimités Canada entame la 85e année de ses vastes efforts de conservation transfrontaliers en Amérique du Nord, nous invitons tous les groupes à agir dans l’urgence pour conserver et restaurer nos milieux humides adulés. Ensemble, nous pourrons atteindre les objectifs de la conservation pour 2030 — et au-delà.
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