Les Gardiens des marais laissent leur empreinte
Dans le cadre de ce programme de bénévolat, des passionnés de la localité aident à préserver le territoire .

Pour la plupart d’entre nous, les matins de fin de semaine sont sacrés. Ils servent à faire la grasse matinée ou des mots croisés et à regarder des dessins animés. Ils servent aussi à siroter un café et à paresser en pyjama. Mais pour une famille de Red Deer, c’est une tout autre histoire.
Les Heibert et les Milner préfèrent en effet prendre leur camion, avec bagages et victuailles (pour pique-niquer) et rouler 40 minutes vers le nord-est pour se rendre jusqu’à la région des White Sands, près des rives du lac Buffalo.

Portant casquettes vertes et gants de travail, ils consacrent toute leur journée à quadriller à pied certaines parties de deux quarts de canton (de 129 hectares) pour recenser la flore et la faune, en notant tout ce qu’il pourrait y avoir d’activités destructrices sur le territoire ou dans les milieux humides, en plus de ramasser tous les détritus qu’ils trouvent sur leur chemin.

Et quand ils racontent à leurs parents et à leurs amis ce qu’ils font de leur fin de semaine, ils ont souvent droit à des commentaires admiratifs.
Pour cette famille, bien au-delà de simples motifs d’altruisme, il y a d’autres bienfaits.
Il y a quelques mois, en regardant la télévision Kevin Milner a vu une émission sur le programme Gardiens des marais de Canards Illimités Canada (CIC).
« Cette émission de télévision expliquait ce que font nos Gardiens des marais et en quoi ils aident CIC à accomplir sa mission », précise Lee Ann Singleton, coordonnatrice de ce programme.
Rien qu’en Alberta, CIC assure l’entretien de plus de 40 468 hectares de milieux humides et de terres hautes. Ces hectares constituent pour la faune un habitat essentiel, tout en emmagasinant le carbone, en filtrant l’eau et en offrant des moyens de défense contre les inondations. « Mais avec à peine neuf employés sur le terrain, il est difficile de visiter régulièrement chaque site », confie-t-elle.
C’est en 2015 que le programme Gardiens des marais a vu le jour. Les Gardiens des marais visitent tous les aménagements de CIC dans la région et recensent ce qu’ils voient. Ils notent leurs observations dans un rapport qui est ensuite soumis à Lee Ann Singleton.
Kevin Milner aimait bien l’idée d’assurer la protection d’une parcelle du territoire de sa province. Après avoir parlé de l’idée à sa conjointe, Brianna Heibert, il a inscrit toute la famille au programme.
Quelques jours plus tard, il recevait quatre trousses de Gardien des marais — une pour chaque membre de la famille. « En toute honnêteté, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en annonçant la nouvelle à nos filles », dit-il. Or, il n’avait aucune raison de s’inquiéter.
Un site naturel à protéger
S’il n’en tenait qu’à elles, Kasidee et Kaidance, les deux sœurs, auraient tôt fait de reléguer aux oubliettes leur vie urbaine.

« Nous voulons toutes deux, Kaidance et moi, vivre sur une ferme et à la campagne. Mais puisque nous habitons la ville, nous ne sommes pas loin de notre idéal en étant Gardiennes des marais », lance Kasidee, 14 ans.
« L’Alberta est réputée pour toutes ses industries, poursuit Kasidee, en parlant du bois d’œuvre, du pétrole et du gaz. Je suis fière de dire que j’aide à verdir la province. »
Quand la famille a commencé à inspecter l’aménagement de CIC dans la région des White Sands, elle l’a parcouru pendant quelques heures. Aujourd’hui, chaque fois qu’elle s’y rend, elle y passe des journées entières.
« Quel bonheur de faire des randonnées et de réapprendre à se connaître », s’exclame Brianna.

Pour rompre avec le quotidien, l’électronique est interdite dans les marais (règle que la famille se fait un devoir de respecter). Il n’y a qu’une seule exception : l’appareil photo familial, qui sert à immortaliser les moments inoubliables.
Kaidance, 10 ans, ne voit aucun inconvénient à laisser à la maison ses gadgets électroniques. « Aujourd’hui, les adolescents sont toujours au téléphone ou sur Internet et ne connaissent pas leur environnement », explique-t-elle.
« Je crois que c’est bien, pour des adolescents comme moi, de garder les marais. Nous sommes obligés d’aller en plein air, précise-t-elle. En plus, on apprend à connaître les différents types de canards. »

Dans les deux derniers mois, Brianna a pu voir ses filles découvrir leur environnement et apprendre l’importance des milieux humides. Aujourd’hui, lorsqu’elles promènent leur chien dans un parc local de Red Deer, elles se surprennent à reconnaître les plantes et la sauvagine.
« Je ne connaissais pas l’existence de ce programme [des Gardiens des marais], dit Brianna. Mais maintenant que je le connais, je tiens à en parler à tout le monde. Quelles merveilleuses journées nous passons en famille! »
Dans les deux derniers mois, Brianna a pu voir ses filles découvrir leur environnement et apprendre l’importance des milieux humides. Aujourd’hui, lorsqu’elles promènent leur chien dans un parc local de Red Deer, elles se surprennent à reconnaître les plantes et la sauvagine.
« Je ne connaissais pas l’existence de ce programme [des Gardiens des marais], dit Brianna. Mais maintenant que je le connais, je tiens à en parler à tout le monde. Quelles merveilleuses journées nous passons en famille! »

Kevin a droit pour sa part à bien des commentaires élogieux de la part de ses amis quand il leur raconte ce que fait sa famille de ses fins de semaine. « Mais nous ne sommes pas des militants fanatiques », précise-t-il.
« C’est ainsi que tout a commencé. Nous voulions militer pour une bonne cause, mais en réalité, nous en avons fait un mode de vie. C’est ainsi que nous vivons en famille. Aujourd’hui, notre cri de ralliement c’est “vite au marais”. »
Aujourd’hui en Alberta, les Gardiens des marais sont au nombre de 165. En 2017, ils inspecteront environ 22 258 hectares.
C’est le cadeau qu’ils font aux milieux humides, à la sauvagine et à toute la faune du Canada.