Publié à l’origine dans The Hill Times le 11 janvier 2023 (en anglais).
Lorsqu’il s’agit de protéger l’avenir de notre planète, on parle depuis longtemps de course contre la montre pour décrire l’urgence à laquelle nous sommes confrontés. Avant que les représentants de 190 pays ainsi que 16 000 délégués et observateurs ne se rendent à Montréal pour la COP15, les organismes de conservation de la nature avaient déjà souligné l’urgence d’agir pour sauver plus d’un million d’espèces menacées d’extinction.
Au cours des 50 dernières années, les pertes d’habitats et la destruction de la nature se sont poursuivies à un rythme effréné. Aujourd’hui, le changement est en marche. À la CdP15, après l’adoption du nouveau Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, les nations, dont le Canada, se sont engagées à atteindre l’objectif « 30 x 30 » visant à protéger 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030 et de restaurer 30 % des terres dégradées.
S’il est important de célébrer cet engagement historique et tout ce qu’il représente, il est tout aussi important de reconnaître à quel point ces objectifs sont ambitieux. Nous disposons de sept ans, seulement 84 mois, pour arrêter et inverser le déclin des espèces et les pertes de milieux naturels afin d’assurer un rétablissement écologique. Cela signifie que le Canada doit sortir de la COP15 prêt à travailler. Chacun d’entre nous a un rôle, une responsabilité et une raison unique de répondre à l’appel de la nature.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une véritable approche d’Équipe Canada. Une approche qui est défendue et dirigée par les communautés autochtones, dont les droits ont été officiellement reconnus. Pour atteindre nos objectifs, il sera essentiel de faire progresser la conservation dirigée par les autochtones, notamment en soutenant les aires protégées et de conservation autochtones (APAC) et le programme des gardiens.
Pour réussir, il est aussi impératif que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux adhèrent collectivement à l’objectif « 30 d’ici 30 » en mettant en œuvre des plans de biodiversité et d’aires protégées dotés de toutes les ressources nécessaires, et que l’industrie prenne des engagements fermes.
À cet effet, Canards Illimités Canada et la Coalition du budget vert, un regroupement des 21 principales organisations environnementales canadiennes, réclament une augmentation considérable des investissements dans la conservation de la nature. Des sommes qui permettront notamment d’achever le recensement des habitats essentiels, de cartographier et de surveiller les milieux humides ainsi que les prairies, d’établir de nouvelles mesures de la biodiversité et de créer un fonds dédié à la restauration des habitats. La COP15 a élevé la barre en matière de conservation de la nature, il faut donc que les ressources investies soient à l’échelle des ambitions.
Pour concrétiser l’objectif de restauration du Canada et respecter son engagement à réduire la perte de milieux présentant une grande valeur sur le plan de la biodiversité, il faudra une coordination, une coopération et une planification de l’utilisation du territoire sans précédent de la part de tous les paliers de gouvernement. Il faut freiner la perte d’habitat dans les régions les plus peuplées du pays qui ont déjà connu de grandes pressions sur leur nature. La région des Prairies de l’Ouest canadien, les habitats du littoral et de l’intérieur des terres du sud de l’Ontario, la forêt de chênes de la Colombie-Britannique et les prairies indigènes de la Saskatchewan ne sont que quelques exemples de territoires qui devraient être une priorité collective.
Ensemble, nous pouvons atteindre ces objectifs environnementaux historiques, mais le sprint du Canada vers 2030 doit commencer dès maintenant. Heureusement, s’il y a une chose que la COP15 nous a montrée, c’est que nous pouvons agir quand le temps presse.

Le Canada n’a eu que six mois pour organiser un événement qui nécessite généralement des années de préparation, sans compter la complexité supplémentaire liée à la pandémie. La programmation de la COP15, qui a duré deux semaines, a permis de mettre en lumière des partenariats impressionnants entre des organismes à but non lucratif du secteur de l’environnement et des industries comme l’agriculture et la foresterie, et de souligner le succès des investissements réalisés par les autochtones en matière de conservation. À la dernière minute des négociations, alors qu’aucun accord n’avait encore été conclu sur un nouveau cadre, les nations ont trouvé un moyen de parvenir à un accord mondial historique.
La COP15 prouve que nous pouvons agir de manière urgente. Nous pouvons collaborer, innover et trouver des solutions. Nous pouvons faire des choses difficiles lorsque l’échec n’est pas une option — et que nous ne pouvons tout simplement pas échouer face à la nature.
Il nous reste sept ans et le temps file déjà. Au nom de notre environnement, de notre économie et de notre avenir, pressons le pas.