Si vous êtes de ceux qui, comme nous, scrutent le ciel pour assister au spectacle migratoire des oiseaux, c’est avec enthousiasme que vous saluez l’arrivée de l’automne. La migration n’offre un spectacle à nul autre pareil. À l’heure où un tintamarre de sifflements et de cacardements, ponctué de bruissements d’ailes, retentit dans le ciel, voilà que nous nous étirons le cou et écarquillons les yeux pour assister à l’un des plus grands spectacles sur Terre.
L’automne déroule sous nos yeux le spectacle de la migration. Toutes sortes d’oiseaux prennent leur envol. Voici ce à quoi vous pouvez vous attendre de la migration automnale, la science qui sous-tend les chiffres sur la population des canards et les moyens de profiter le mieux possible de chaque minute du spectacle.
Le Relevé des populations reproductrices et des habitats de la sauvagine nord-américaine laisse entendre que les vols migratoires de l’automne sont inférieurs à la moyenne
Chaque année, partout en Amérique du Nord, les chasseurs et les ornithologues attendent avec impatience le Relevé des populations reproductrices et des habitats de la sauvagine nord-américaine. Les résultats de ce relevé donnent un aperçu du vol migratoire automnal qui sillonnera le ciel. Les dénombrements des espèces et les rapports sur les conditions de l’habitat pour 2022 laissent entendre que les oiseaux qui prendront leur envol seront moins nombreux qu’auparavant, dans la foulée des nombreuses années de sécheresse dans les Prairies.
Dans la zone traditionnelle du relevé, on a estimé à 34,2 millions de canards nicheurs le total des populations. C’est 12 % de moins que l’estimation de 2019, à 38,9 millions, et 4 % de moins que la moyenne à long terme (depuis 1955). Après deux années sans ce relevé — en 2020 et 2021, les travaux sur le terrain ont été annulés à cause de la COVID‑19 —, ce n’est pas la nouvelle qu’espéraient les chasseurs et les ornithologues. Or, les efforts de conservation de l’habitat menés par des organisations comme Canards Illimités Canada (CIC) sont prometteurs pour la prospérité de la sauvagine dans les saisons à venir.
« Il n’est guère étonnant que dans la saison de la reproduction, la taille de la population des canards soit inférieure à ce qu’elle était avant la pandémie, nous apprend Stuart Slattery, directeur national de l’Institut de recherche sur les terres humides et la sauvagine de CIC. Nous ne nous attendons pas à recenser un nombre infini de canetons quand les conditions sont aussi sèches. Or, les populations de canards sont résilientes à ces fluctuations environnementales, et la sécheresse vient rejouvencer les milieux humides. C’est pourquoi nous nous attendons généralement à ce que les populations rebondissent quand l’eau revient, à la condition que la base de l’habitat perdure. »
Les estimations des populations d’oiseaux nicheurs pour 10 espèces communes, qui sont porteuses de bonnes nouvelles, font partie du rapport du Relevé. Par exemple, on a relevé en beaucoup plus grand nombre que dans les années précédentes — et à des niveaux supérieurs à la moyenne à long terme, la sarcelle à ailes bleues.

Dans les arcanes du Relevé des populations
En raison de la pandémie de COVID‑19, des représentants de l’United States Fish and Wildlife Service (USFWS) et du Service canadien de la faune (SCF) n’ont pas arpenté le terrain pendant deux ans, ce qui a créé un déficit dans la recherche menée depuis les 65 années précédentes. Or, en mai et en juin, ils ont à nouveau pu monter dans les avions et les hélicoptères et se réunir en équipes sur le terrain pour examiner l’habitat de reproduction de la sauvagine et ses populations sur des millions de kilomètres carrés aux quatre coins du Canada et dans le Nord des États‑Unis.
Biologiste chercheur de CIC, Howie Singer a aidé le SCF et l’USFWS dans leurs relevés annuels air-sol dans l’Ouest du Manitoba et dans l’Est de la Saskatchewan. Il a bien voulu se confier au Conservationniste à propos du déroulement des travaux qui permettent d’établir ce relevé.
« Nous avons réalisé des enquêtes sur une trentaine de segments de 29 kilomètres qui font 400 mètres de largeur et qui s’inscrivent dans le Relevé annuel des populations reproductrices. Je faisais partie d’une équipe de six personnes, et nous avons travaillé en équipes de deux. Chaque équipe relevait chaque jour des segments distincts. À la fin du relevé à vol d’oiseau, nous enchaînions avec nos relevés au sol.
« Dans le véhicule, une personne servait de conducteur et d’observateur sur un côté, alors que le passager jouait le rôle d’observateur de l’autre côté, en plus d’enregistrer les données. Nous parcourions le transect en voiture pour enregistrer, depuis la route, les milieux humides et les canards. Si nous ne pouvions pas observer complètement les milieux humides ou les canards, nous descendions de la voiture pour établir un dénombrement exact. Si des milieux humides n’étaient pas indiqués dans les cartes, nous les ajoutions dans ces cartes pour étoffer la base de données afin de pouvoir les inclure dans le dénombrement de l’année et dans les relevés ultérieurs. Ces données viennent éclairer les facteurs de correction de la visibilité pour les oiseaux qui sont absents pendant la partie des enquêtes consacrée aux relevés à vol d’oiseau, d’où le nom ‘air-sol’. »

S’inspirer de la science
L’enquête du Relevé des populations constitue un socle scientifique rigoureux pour la planification de la conservation. Les résultats viennent éclairer les secteurs dans lesquels les ressources sont investies afin de créer les répercussions les plus favorables pour les populations de sauvagine. Les organisations comme CIC ont la chance de compter sur ce puits intarissable de données de surveillance rétrospectives et sur les décennies d’expérience dont elles peuvent profiter.
Sous l’égide experte de Mitch Weegman, Ph. D., de l’Université de la Saskatchewan, d’autres travaux de recherche menés par les étudiants postsecondaires les plus brillants d’Amérique du Nord nous permettent de mieux analyser les populations de sauvagine. Un projet mené par des étudiants vise à quantifier les facteurs environnementaux qui expliquent la baisse des populations de canards pilets. (Le Relevé des populations de 2022 fait état d’une baisse de 21 % par rapport à 2019 et de 54 % par rapport à la moyenne à long terme.) D’autres étudiants travaillent à des projets sur la dynamique des populations des bernaches cravants, ainsi que sur le moins grand nombre d’oies blanches et d’oies de Ross.
Partagez vos moments migratoires dans l’outil Migration Tracker de CIC
Que vous profitiez de que ce l’automne vous offre de mieux depuis l’intérieur d’une cache pour la chasse aux canards ou sur un banc public, livrez-nous vos moments migratoires. Parlez-nous des oiseaux que vous apercevez et de l’endroit où vous les observez en enregistrant vos observations grâce à projet de Suivi des Migrations de CIC, hébergé sur le site iNaturalist. Toutes les espèces d’oiseaux observées partout nous intéressent. Ce qu’il y a de plus important, c’est de profiter du plein air et du prodigieux spectacle sons et lumières de la migration automnale.
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