Les libellules et les monarques : des migrations multigénérationnelles

Les libellules sont légion durant l’été au Canada : elles arpentent le ciel pour attraper les insectes qui sont leurs proies et virevoltent dans les alentours des milieux humides, pour pondre leurs œufs dans la végétation et les environs. Mais lorsque l’été cède la place à l’automne, les espèces comme l’anax de juin ou anax précoce commencent leur migration dans le Sud.

La migration des libellules

À la différence des oiseaux, les libellules qui quittent le Nord ne sont pas celles qui reviennent le printemps suivant. Il faut plutôt compter trois générations pour leur migration aller retour:

• une génération émerge des larves dans le Nord, avant de migrer, de se reproduire et de s’éteindre dans le Sud;
• une migration émerge des larves dans le Sud et ne migre pas. Cette génération se reproduit et donne naissance à la génération suivante;
• une migration émerge des larves dans le Sud, avant de migrer, de se reproduire et de venir s’éteindre dans le Nord.

Jusqu’à une époque récente, on ne connaissait pas bien la migration des libellules. Or, des travaux de recherche publiés en 2018 détaillent les parcours des anax de juin, d’après l’analyse de 852 échantillons d’ailes de huit pays, ainsi que des observations de la science citoyenne, pour établir des liens avec leur lieu de naissance et pour connaître leur parcours migratoire.

Le monarque : la migration

Au Canada, les monarques passent l’été sur des fleurs comme l’asclépiade et dans les environs, en se nourrissant des plantes et en les pollinisant. Ils ne peuvent pas survivre dans la météo glaciale de l’hiver canadien; c’est pourquoi, à la fin de l’été, ils entreprennent un parcours de deux mois qui les mène dans le Sud, jusqu’en Californie et au Mexique. Cette génération de monarques migrateurs — la seule à accomplir la migration automnale de l’espèce — vit plus longtemps que celle qui naît dans les champs en hiver et qui migre dans le Nord au printemps.

Au début du printemps, les monarques commencent à migrer dans le Nord. Leur parcours peut durer cinq mois et s’étendre sur 3 500 kilomètres; il peut faire intervenir plusieurs générations, qui s’arrêtent et se reproduisent chemin faisant. Les monarques qui arrivent au Canada donnent naissance à la génération qui finira par accomplir le prochain parcours vers le Sud.