À la rescousse des poissons et des milieux humides du Saint-Laurent
Ce printemps, les canards migrateurs ont bien voulu céder la place aux poissons dans les milieux humides de CIC le long du Saint-Laurent. Mais CIC et ses partenaires ont ramené les poissons à bon port.

Les fortes inondations qui ont dévasté le sud du Québec ce printemps ont porté un dur coup aux résidents de nombreuses collectivités sur les berges du Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. Elles ont aussi eu des répercussions inattendues sur la faune de la région, particulièrement pour la région du lac Saint-Pierre.
Les crues records du Saint‑Laurent ont débordé sur les digues et inondé de nombreux sites aménagés par CIC non loin du fleuve. Elles ont entraîné des milliers de poissons dans plusieurs bassins peu profonds qui servent de haltes migratoires printanières pour la sauvagine qui s’y arrête chaque année avant de poursuivre vers le nord pour se reproduire.
En plus d’être peuplés de grandes oies des neiges, de canards pilets, de canards colverts, de canards noirs et de canards souchets, ces milieux humides pullulaient de perchaudes, de crapets‑soleils, de barbottes, de grands brochets, de carpes communes, de tanches (une espèce envahissante) et de plusieurs autres espèces de poissons.
C’est au début des années 1990 que CIC a aménagé le site de Baie‑du‑Febvre/Nicolet‑Sud, sur la rive sud du lac Saint‑Pierre. Ce vaste complexe de 540 hectares comprend trois segments aménagés en halte migratoire printanière de 218 hectares. Le printemps venu, un niveau d’eau peu profond est maintenu dans ces segments pour offrir une aire de repos et d’alimentation à la sauvagine pendant la migration. À la mi-mai, lorsque la sauvagine quitte la région pour terminer sa migration vers le nord, l’eau est pompée hors des segments vers le Saint‑Laurent pour permettre la tenue d’activités agricoles. Une entente a été signée avec la Société d’aménagement récréatif pour la conservation de l’environnement du lac Saint‑Pierre (SARCEL), gestionnaire du site. Cette année, en raison des fortes inondations et de l’accès des poissons aux segments aménagés (deux segments sur trois), le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) du Québec a demandé à SARCEL de reporter le protocole d’opération (démarrage des pompes) de ces segments afin de mettre en place un plan de sauvetage des poissons.
Cette opération de sauvetage a été réalisée les 7 et 8 juin dans l’un des deux secteurs inondés. Trois employés de CIC, ainsi que des représentants du MFFP, de SARCEL et du Bureau environnement et terre du Conseil des Abénakis de Wôlinak et d’Odanak ont chaussé leurs grandes bottes et se sont mis à l’œuvre.
« Il s’agissait d’un travail physiquement exigeant », explique Patrick Harbour, spécialiste de la conservation de CIC.
« Un filet a tout d’abord été installé devant la station de pompage pour éviter que les poissons entrent dans la pompe, précise M. Harbour. Puis, nous avons pompé l’eau pour regrouper les poissons dans le canal (banc d’emprunt) longeant la digue. Par la suite, des coups de seine (filet) ont été effectués sur une distance d’environ 1000 mètres pour recueillir le plus grand nombre de poissons possible. Finalement, les poissons ont été relocalisés dans les cours d’eau, de l’autre côté de la digue, pour qu’ils puissent retourner vers le fleuve. »
M. Harbour estime qu’une vingtaine de coups de seine ont été nécessaires, en deux jours, pour récupérer l’ensemble des poissons. Ceux de plus grandes tailles ont été identifiés, comptés et mesurés par le MFFP. L’équipe a capturé de 400 à 450 carpes, qui, en moyenne, mesuraient entre 80 et 100 cm de long et pesaient entre 7 et 9 kilos. Des pêcheurs commerciaux leur ont prêté main-forte et ont recueilli environ 150 des plus grosses carpes pour la revente.

©CIC
Selon M. Harbour, les sauveteurs étaient… comme des poissons dans l’eau. Dans l’avant-midi du 22 juin, l’opération de sauvetage a repris dans le 2e segment. Dans ce cas,-ci, les inondations avaient causé une brèche dans la digue, et les sauveteurs ont dû attendre que les niveaux du fleuve baissent en deçà du niveau d’eau du marais.
Les poissons ont aussi accédé à deux secteurs aménagés du site de Saint‑Barthélemy, sur la rive‑nord du lac Saint‑Pierre. À cet endroit, CIC abaisse le niveau d’eau par gravité, permettant ainsi aux poissons de sortir par les ouvrages de contrôle du niveau d’eau. Une fois que les niveaux d’eau seront suffisamment bas, les sauveteurs se porteront à nouveau à la rescousse des poissons.
Un bilan complet de ces opérations de sauvetage sera réalisé par le MFFP et CIC à la fin de l’été.

©CIC
Basé sur les connaissances actuelles et les problématiques observées dans la région du lac Saint-Pierre, CIC est à revoir les concepts d’aménagement de ces haltes migratoires situées en plaine inondable afin de mettre en place des pratiques culturales favorables et compatibles avec la faune et adaptées au territoire. Le sauvetage des poissons terminés, les sauveteurs de CIC redeviennent des sauveteurs de milieux humides pour les canards.