Il y a plus d’une dizaine d’années, le magazine Maclean’s a attribué au lac Winnipeg la peu enviable distinction du lac le moins en santé du Canada. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer.
Le lac Winnipeg, qui est l’un des plus vastes au Canada, a un bassin de drainage tentaculaire de près d’un million de kilomètres carrés. Des centaines de tributaires sinueux sillonnent toute cette région — en plus de s’étendre à quatre provinces et à quatre États américains —, en ramassant, chemin faisant, les polluants des sources industrielles, municipales et agricoles. Toute cette eau et tous les indésirables qui l’accompagnent finissent par atteindre leur destination finale et se déverser dans le lac Winnipeg.
Ce sont ces ingrédients — des nutriments comme le phosphore et l’azote, ainsi que les contaminants issus de nombreuses autres sources — qui expliquent essentiellement la détérioration de la qualité de l’eau du lac et qui la pénalisent en favorisant la prolifération des algues nuisibles, dont la taille et la fréquence ne cessent de se multiplier.
Les efforts d’amélioration de la santé du lac Winnipeg sont subordonnés à la réduction de cette pollution. Si l’on se penche peu à peu sur les sources industrielles et municipales de pollution dans l’ensemble du bassin de drainage, on croit que le ruissellement des eaux agricoles est le grand coupable. Pour réduire cette pollution de source non ponctuelle, il faut adopter une stratégie différente, dans laquelle les milieux humides jouent un rôle essentiel.
La Première Nation de Cowessess, CIC et la restauration des milieux humides et des pâturages : pour la santé du territoire et de l’eau
Les végétaux et les sols des milieux humides, qui agissent comme les reins du paysage des Prairies, filtrent et décomposent les contaminants, de sorte que l’eau est plus propre lorsqu’elle sort d’un bassin de milieux humides que lorsqu’elle s’y déverse. Il sera essentiel, pour améliorer la qualité de l’eau et la santé du lac dans l’ensemble, de conserver et de restaurer les milieux humides dans tout le bassin de drainage du lac Winnipeg.
Dans la province voisine de la Saskatchewan, la Première Nation de Cowessess (PNC) et CIC travaillent en partenariat à un projet destiné à réduire la charge de nutriments qui explique le piètre état de santé du lac Winnipeg. Ensemble, nous nous consacrons à la restauration des milieux humides dans un coin de ce vaste bassin de drainage.
Dans le cadre de l’Initiative du bassin de la rivière Assiniboine et grâce au financement d’Environnement et Changement climatique Canada, la PNC travaille de concert avec CIC et les groupes locaux de protection du bassin hydrographique afin de restaurer 33 hectares de milieux humides en s’en remettant à la fois au savoir-faire autochtone et à la science dans ce projet.
Pour la PNC, ce projet cadre avec l’opinion de la Première Nation, qui croit que le maintien de la santé du territoire qui lui est confié est essentiel et fera rejaillir des bienfaits durables pour beaucoup.
« En restaurant les milieux humides et les pâturages qui ont été drainés ou altérés, nous ramenons la vie dans ces zones et, en définitive, nous ramenons l’habitat de la faune sur nos terres, explique Loretta Delorme, directrice du Département des terres et des ressources naturelles de la PNC. Ces travaux feront rejaillir des avantages sur les espèces à risque, tout en améliorant la qualité de l’eau, en endiguant les inondations et en maîtrisant l’érosion. »
La PNC et CIC participent aussi à d’autres efforts de conservation, dont profitent les résidents en aval. Dans les dernières années, CIC a signé des baux à long terme sur 13 quarts de section des terres de la PNC. L’impact total de ces baux est substantiel : 810 hectares d’habitat sont conservés, dont 190 hectares de milieux humides et 14 hectares supplémentaires de milieux humides restaurés.
Aux yeux de la PNC, ces baux cadrent avec ses objectifs dans la gestion du territoire. « Quand on pense à la santé du territoire, on veille à ce qu’elle soit durable pour les sept générations suivantes », conclut Loretta Delorme.
C’est peut-être exactement le type de réflexion à long terme qu’il faut pour veiller à ce que le lac Winnipeg soit à nouveau en bonne santé.