Des sécheresses aux inondations en passant par les incendies, le Canada a connu une vague de conditions météorologiques extrêmes tout au long de l’année 2023 qui a eu des répercussions sur les habitats de la sauvagine. De nombreux chasseurs et ornithologues s’interrogent donc sur l’état actuel des populations de leurs espèces préférées et se demandent s’ils verront une abondance d’oiseaux dans le ciel lors de la migration d’automne.
L’enquête annuelle sur les populations d’oiseaux nicheurs et leurs habitats (Waterfowl Breeding Population and Habitat Survey – WBPHS ; souvent appelée BPOP) fournit les meilleures informations et, selon le rapport de 2023, nous pouvons nous attendre à un léger déclin. Les populations totales ont été estimées à 32,3 millions de canards reproducteurs dans la zone d’étude traditionnelle, soit 7 % de moins que l’estimation de 34,2 millions de 2022 et 9 % de moins que la moyenne à long terme (depuis 1955).
« Malgré la baisse de cette année, les populations de la plupart des espèces d’oiseaux aquatiques restent saines et proches des moyennes à long terme », déclare Matt Dyson, chercheur en oiseaux aquatiques à CIC. « Cependant, les résultats nous rappellent qu’il est nécessaire de continuer à investir dans la conservation et la restauration des habitats. En tant qu’organisation qui étudie les moteurs de la dynamique des populations de la sauvagine depuis 85 ans, Canards Illimités Canada demeure vigilant dans ses efforts pour travailler avec ses nombreux partenaires sur le terrain et prendre des mesures de conservation. »
Bien que tous les habitats soient importants pour le cycle de vie de la sauvagine, la science montre que les aires de reproduction
ont le plus grand effet sur les populations de la sauvagine. Ces zones se trouvent principalement au Canada et dans le nord des États-Unis, dans des paysages tels que la région des fondrières des Prairies et la forêt boréale.
Estimations de la population de vos espèces préférées

La baisse des populations de colverts et de canards d’Amérique a été constatée par les scientifiques de CIC spécialisés dans la sauvagine et est probablement due à la sécheresse qui sévit dans les Prairies canadiennes. Selon M. Dyson, « nous surveillerons les estimations de l’enquête de l’année prochaine afin de déterminer si cette diminution va au-delà de ce que l’on peut attendre des fluctuations naturelles ».
Le canard pilet est un point positif dans le rapport 2023, avec une augmentation de 24 % par rapport à l’année dernière. Bien que les canards pilets soient répandus et abondants, les enquêtes ont révélé un déclin important depuis les années 1960. Les chiffres de la population de cette année montrent une certaine reprise.

Qu’est-ce que l’enquête sur les populations d’oiseaux aquatiques nicheurs et leur habitat et comment est-elle réalisée ?
L’enquête sur les populations d’oiseaux aquatiques nicheurs et leur habitat a été lancée en 1955 et constitue l’enquête la plus importante et la plus ancienne sur la faune sauvage dans le monde. Ses résultats ont guidé la gestion des récoltes et des habitats de la sauvagine à l’échelle continentale en mettant en lumière la dynamique à grande échelle des espèces migratrices.
L’enquête, également appelée Breeding Population Survey (BPOP) ou May Survey, est menée conjointement par le United States Fish and Wildlife Service (USFWS) et le Service canadien de la faune (SCF) d’Environnement et Changement climatique Canada, avec le soutien d’autres groupes tels que CIC. De la mi-mai à la fin mai, l’USFWS fait équipe avec le CWS ainsi qu’avec des agences étatiques et provinciales pour mener l’enquête. À l’aide d’avions, d’hélicoptères et d’équipes au sol très attentives, les organisations examinent les habitats de reproduction et les populations sur plus de 3,6 millions de kilomètres carrés au Canada et dans le nord des États-Unis. Les biologistes de CIC font partie des équipes qui comptent les canards au sol, ce qui permet de vérifier et de corriger les chiffres obtenus par avion.
Un habitat sain et abondant est un facteur clé pour les populations de canards
La nature migratoire des oiseaux d’eau exige que des habitats de qualité existent à chaque étape de leur voyage. Les paysages canadiens, en particulier les principales aires de reproduction des Prairies et de la forêt boréale, jouent un rôle essentiel dans le maintien de ces fortes populations.
Des milliers de milieux humides peu profonds sont disséminés dans les Prairies canadiennes et représentent certains des habitats les plus productifs pour les oiseaux d’eau en Amérique du Nord. La forêt boréale est une vaste région couverte de rivières, de lacs et de milieux humides qui attire chaque année des millions de canards, d’oies et de cygnes pour se reproduire.
Une conservation vigilante est indispensable pour assurer la prospérité des populations de la sauvagine.
CIC continue de surveiller l’impact du changement climatique et de la perte d’habitat sur la sauvagine. Bien que les populations de nombreux canards et oies se portent bien par rapport à d’autres oiseaux migrateurs, la réapparition des conditions de sécheresse, les changements dans l’utilisation des terres et la poursuite du drainage des milieux humides et de la perte d’habitat des prairies compromettent à la fois les taux de reproduction et de survie.
« Nous savons que les facteurs environnementaux et sociaux peuvent changer rapidement, ce qui peut modifier les perspectives pour la sauvagine », déclare M. Dyson. « Des investissements continus dans la conservation des habitats, la recherche scientifique, la planification de l’utilisation des terres et les programmes éducatifs sont nécessaires pour relever les nouveaux défis auxquels sont confrontés les canards et leur habitat.
Depuis 85 ans, CIC est un chef de file de la conservation fondée sur la science, assurant la conservation des milieux humides dans tout le pays en réponse à divers défis écologiques affectant la sauvagine.