Les milieux humides : de précieux alliés pour l’agriculture
Les milieux humides rapportent des bénéfices écologiques et financier aux producteurs laitiers de l’Île du Prince Édouard

Il n’est pas rare que John Wood aperçoive une couvée de canards en vaquant à ses occupations.
« Nous avons un milieu humide juste derrière la grange, et rien ne nous échappe », lance-t-il.
Il aperçoit, tantôt une sarcelle à ailes bleues ou une sarcelle d’hiver, tantôt des canards noirs, des canards d’Amérique ou des canards chipeaux. « J’adore les voir en spectacle », confie‑t‑il.
Avec son père David, John Wood exploite la ferme Craggan, exploitation laitière de 72 hectares à cinq kilomètres de Charlottetown, dans la collectivité de Marshfield, dans l’Île‑du‑Prince‑Édouard.
Le duo père‑fils, qui trait 60 vaches Holstein de race, est affilié à une coopérative de producteurs, Amalgamated Dairies Limited (ADL), dotée d’installations de transformation de produits laitiers et de vente au détail de produits alimentaires dans toute la province insulaire.
M. Wood affirme qu’il apprécie la biodiversité qu’apporte ce milieu humide à sa propriété. Comme chef d’entreprise, il apprécie aussi le rôle utile que joue ce milieu sur sa ferme, puisqu’il permet de filtrer les eaux usées de la laiterie et les liquides rejetés par son installation d’entreposage du fumier.
« De nombreux producteurs agricoles avec lesquels nous collaborons ne savent pas trop quoi faire des eaux de lavage de la laiterie », explique Jonathan Platts, spécialiste des programmes de conservation de Canards Illimités Canada (CIC), en évoquant les eaux usées produites lorsque les agriculteurs désinfectent l’équipement de traite mécanique. Ces eaux renferment des savons, des détergents et des matières grasses.
« Les agriculteurs ne veulent pas que ces eaux usées ruissellent jusque dans leur grange ou dans un cours d’eau tout proche », précise Jonathan Platts. Pour résoudre le problème, les producteurs peuvent installer une fosse septique souterraine, qui peut être colmatée par les matières grasses que recèlent les eaux usées.
M. Platts précise que CIC offre une autre option : les milieux humides aménagés.
CIC a en effet construit, en 2004, le milieu humide de la ferme Craggan sur un terrain que M. Wood décrit comme « marécageux » et inactif, dans le cadre du Programme de restauration des marais de petite taille.
Les eaux usées traversent une série de bassins de traitement des eaux dans le milieu humide aménagé. Un bassin de décantation, qui assure le traitement primaire, permet d’éliminer le fumier, la paille ou le foin. Un système secondaire élimine le chlore et les détergents. Puis, l’eau est filtrée dans un système tertiaire, qui est un milieu humide naturel ou artificiel.
« [Ce milieu humide] fait vraiment des merveilles pour nous, s’exclame M. Wood. Nous n’avons pas à rechercher d’autres solutions pour corriger le problème des eaux usées, ce qui est bon pour l’environnement », précise‑t‑il.
Depuis 2004, le Programme de restauration des marais de petite taille a permis de réaliser 104 projets sur des exploitations agricoles comme celle des Woods.
Administré par CIC, ce programme, financé dans le cadre du Plan conjoint des habitats de l’Est, bénéficie du financement du gouvernement provincial et du fédéral, ainsi que d’organismes à vocation agricole comme ADL.
ADL soutient CIC depuis 12 ans grâce à des dons qui permettent de financer la restauration des milieux humides sur les terres agricoles, en plus de faire connaître les travaux de CIC parmi les membres de la coopérative.
Appuyer un organisme environnemental non gouvernemental comme CIC n’est qu’un des moyens grâce auxquels les producteurs laitiers de l’Île-du-Prince-Édouard sauvegardent les paysages naturels, affirme James Bradley, PDG d’ADL.
« Les hommes et les femmes de l’industrie laitière continuent d’être des chefs de file qui militent pour la protection, la préservation et l’amélioration de l’environnement, déclare M. Bradley. Et les milieux humides jouent certes un rôle vital, en aidant l’écosystème à filtrer naturellement et à assainir l’eau ou en assurant l’habitat de la faune. »
« L’Île‑du‑Prince‑Édouard est un paysage agricole, explique M. Platts. Et nos agriculteurs comptent parmi nos plus précieux alliés. »