En prévision de la COP 15, qui réunira les gouvernants du monde pour se pencher sur la dégradation de plus en plus grande de la biodiversité, les peuples autochtones et leur savoir-faire intrinsèque distinct guideront les discussions qui permettront de tracer la voie à suivre. Des études nous apprennent que c’est sur les territoires gérés par les Autochtones que la biodiversité est la plus vigoureuse, et c’est la raison pour laquelle nous faisons appel aux peuples autochtones, d’un océan à l’autre, pour savoir quelles seront les prochaines étapes à franchir. En tant que régisseurs du territoire et des eaux du Canada depuis des millénaires, les peuples autochtones ont de nombreux enseignements à nous apporter quand il s’agit de protéger la nature.
En quoi consistent les efforts de conservation menés par les Autochtones?
Les efforts de conservation menés par les Autochtones allient le savoir-faire traditionnel à la science et à la technologie afin de créer des environnements dans lesquels les espèces peuvent prospérer. Et quand les espèces prospèrent, la culture, les peuples, les récits, la santé, les médicaments et notre bien-être collectif en récoltent les bienfaits. Ces efforts peuvent se présenter sous bien des formes, qu’il s’agisse des aires de protection et de conservation autochtones (APCA) ou des plans de relations avec le territoire autochtone et des autres mesures de conservation efficaces. Les territoires régis par les communautés et les gardiens autochtones témoignent éloquemment de l’efficacité et de l’efficience des méthodes de conservation.
Au Canada, plus de 70 % des peuples autochtones habitent dans la région boréale, secteur riche en biodiversité et en potentiel de conservation, dans lequel les efforts de conservation sont déjà couronnés de succès. En parlant de son expérience dans l’établissement d’une APCA dans son territoire natal de l’Akaitcho, dans les Territoires du Nord‑Ouest, Steven Nitah, négociateur en chef dans le processus d’établissement des APCA de la Première Nation des Dénés Łutsël K’é et aujourd’hui directeur général de Nature For Justice au Canada, explique :
« Les peuples dénés pensent à long terme, et nous tâchons de faire ce que nous croyons qui sera le mieux à long terme. Le territoire, la culture et l’identité sont intimement liés et constituent la même notion. En reprenant la responsabilité du territoire, on reconquiert sa culture et son identité. Il s’agit de prendre la responsabilité de recréer l’équilibre. »
Les efforts de conservation menés par les Autochtones ont fait leurs preuves : ils produisent, pour la biodiversité, des dénouements positifs, et les perspectives à explorer sont nombreuses :
- APCA (aires de protection et de conservation autochtones);
- AMCEZ (autres mesures de conservation efficaces par zone);
- plans d’aménagement du territoire.
Les aires de protection et de conservation autochtones

En 2018, dans les Territoires du Nord‑Ouest, CIC a prêté son concours à l’établissement de la première APCA menée par les Autochtones au Canada sous l’appellation Edéhzhíe. Cette aire est venue définir le parcours des prochaines APCA, dont la réserve du parc national Thaidene Nene, les aménagements actuels comme l’APCA Dene K’éh Kusan, proposée dans le nord de la Colombie‑Britannique, ainsi que l’APCA du delta de la rivière des Esclaves et du bassin versant de la rivière Taltson. Dans tous ces cas, les communautés, les gouvernants et les gouvernements autochtones locaux sont restés fidèles à cette vision et ont exercé leur influence dans les décisions qui ont porté sur le territoire, alors que CIC a appuyé les efforts consacrés aux APCA grâce à un échange de connaissances, en offrant sur demande des relevés et des données et en apportant l’éclairage voulu.
L’échange de connaissances

Les communautés autochtones souhaitent prendre, pour elles-mêmes et leurs territoires, les décisions les plus judicieuses. Grâce aux ressources d’organisations autochtones comme le Panier des connaissances sur les APCA, les nations s’enrichissent de données et de connaissances et s’échangent des ressources pour aider à éclairer les décisions communautaires. En alliant le savoir-faire traditionnel à la science et à la technologie, CIC est parfois invité à participer à un échange de résultats et de données avec les communautés qui suivent le chemin de la conservation, afin d’étoffer le savoir-faire traditionnel, en offrant des solutions envisageables dans les secteurs dans lesquels il y a toujours des interrogations.
« Le succès remporté dans l’aménagement et le maintien de ces aires, nous le devons au leadership et à la vision des communautés autochtones locales, qui font le gros du travail dans la négociation, la planification et la consultation avec les autres gouvernements. CIC est toujours prêt à apporter tout ce qu’il faut afin d’aider les communautés à avancer dans la réalisation des projets locaux grâce à la coordination, à l’échange de données et de connaissances et à la promotion des intérêts, mais uniquement si les communautés le lui demandent. Nous avons pour mission d’apporter de l’aide; notre objectif commun consiste à nouer, grâce à la conservation, des liens solides et durables avec le territoire, et nous sommes heureux d’apporter nos compétences dans la promotion de cette grande cause », précise Kevin Smith, directeur national des programmes de la forêt boréale de CIC.
Ce que nous réserve l’avenir
À l’heure où le gouvernement fédéral offre plus de financement pour les efforts de conservation menés par les Autochtones, CIC est appelé à apporter de l’aide. Dans le cadre de son Programme national de la forêt boréale, CIC est prêt à répondre à l’appel, grâce à son personnel chevronné en poste dans toutes les provinces et tous les territoires et à de solides relations fondées sur la confiance et le respect. Ce programme vise à orienter favorablement la conservation sur le domaine public et à se pencher sur les méthodes nouvelles et innovantes de la conservation afin de promouvoir la préservation de la nature et de la biodiversité dans l’ensemble de la région boréale du continent.
« La relation avec Canards Illimités Canada vise à nous apporter le plus d’information possible sur ce territoire, en nous donnant un instantané du territoire de l’Akaitcho. En nous inspirant de cette information, nous prendrons des décisions sur les plans d’aménagement du territoire, sur les aires à protéger éventuellement et sur les zones spéciales de gestion. Le mandat de Canards Illimités cadre avec la volonté du peuple déné et s’inscrit dans la relation ente ce peuple et le territoire; nous travaillons donc dans une communauté d’objectifs », a déclaré Steven Nitah.
CIC est appelé à apporter de l’aide en offrant des compétences et des données dans :
- la comptabilisation du carbone;
- l’inventaire des milieux humides;
- les relevés des espèces;
- la formation avec les gardiens autochtones;
- les règles de l’art de la conservation;
- les relations avec les gouvernements et l’industrie;
Telles sont les compétences que nous apportons. Tous ceux et celles qui s’intéressent à la conservation et à la protection de la biodiversité peuvent volontiers participer à ces efforts. La collaboration constructive, menée dans le plus grand respect, avec les communautés autochtones, en misant sur leur savoir-faire ancestral et en travaillant de concert avec les administrations locales, les gouvernements provinciaux et territoriaux, le gouvernement fédéral, l’industrie et les organisations environnementales non gouvernementales, fera exploser le compteur des gains de la biodiversité.