« On a l’impression qu’il pourrait s’étendre à l’infini, a lancé Eric Balke en préparant les équipes d’intervention sur le terrain à passer leur été dans les marais côtiers du fleuve Fraser. La séance de breffage s’est déroulée en virtuel; or, l’enthousiasme d’Eric Balke est venu mettre en lumière toute la splendeur des habitats du littoral.
« On peut constater toute l’ampleur de cette zone, a-t-il confié en montrant les photos des vasières — pan spectaculaire de terre, de mer et de ciel. Quand on est là-bas, on est les seuls. C’est vraiment un lieu d’exception et un delta d’une très grande importance écologique. »
Biologiste de CIC en Colombie‑Britannique, Eric Balke mène trois ingénieux projets de restauration dans le cadre des projets de restauration FRESH (Fraser River Estuary Salmon Habitat). Ces projets s’inscrivent dans un partenariat qui réunit CIC, la Raincoast Conservation Foundation, la Première Nation de Tsawwassen et la Lower Fraser Fisheries Alliance.
« Le fleuve Fraser est le plus grand cours d’eau à saumon au Canada, a-t-il précisé à ses équipes. Les taux de croissance du saumon chinook juvénile sont très élevés : il passe en moyenne 41 jours dans l’estuaire avant de parcourir le trajet qui le conduit à l’océan Pacifique. Lorsqu’il atteint la mer des Salish, il devient la principale proie des épaulards résidents du Sud. »
Les habitats de l’estuaire assurent 80 % des moyens de survie de la faune côtière à un moment donné dans leur cycle temporel — dont les emblèmes naturels les plus impressionnants du Canada. Ces zones de transition, là même où ce cours d’eau exceptionnel a rendez‑vous avec l’océan, attirent tous les êtres vivants qui veulent profiter de ces bienfaits exceptionnels.
C’est la raison pour laquelle les approches ingénieuses dans la restauration des estuaires doivent être prioritaires pour la durabilité écologique et économique. Les écosystèmes de l’estuaire ont une importance écologique démesurée et fonctionnent comme des infrastructures naturelles qui protègent les collectivités contre l’élévation du niveau de la mer.
Cette affirmation se vérifie dans la région métropolitaine de Vancouver et dans d’autres collectivités côtières en expansion partout dans le monde.

Des nouvelles FRAÎCHES de la vasière et du marais
Le fleuve Fraser draine un bassin hydrographique qui couvre le quart de la Colombie‑Britannique pour se déverser dans un vaste estuaire qui crée un environnement à la fois magnifique et riche de défis pour les scientifiques à l’œuvre sur le terrain.
« Je travaille dans la boue pour la plus grande partie de ma journée de travail, s’exclame Taylor Marriott, spécialiste des programmes de conservation de CIC et membre d’une équipe depuis les deux dernières années. « Puisqu’il n’y a pas d’ombre dans les vasières, il faut se préparer à une longue journée sous le soleil, avec l’équipement voulu. On a vite tôt fait d’apprendre qu’on ne peut pas poser l’équipement par terre à cause des sédiments fins et des grains de sel qui se faufilent partout : dans les téléphones comme dans les sacs. »
Voici un compte rendu sur les trois projets de restauration de l’habitat du saumon dans les écosystèmes en péril de l’estuaire du fleuve Fraser :

Les passages de la jetée du bras nord
Taylor Marriott travaille en collaboration avec les équipes sur le terrain des projets de restauration FRESH pour surveiller les espèces de poissons associées à ces projets et pour répertorier la végétation et les sédiments, ainsi que les communautés benthiques, soit la faune qu’on trouve dans le fond de l’eau.
L’équipe de Taylor Marriott a surveillé les espèces de poissons de part et d’autre d’un passage installé en 2022 dans la jetée du bras nord par la Raincoast Conservation Foundation. Cette jetée est une barrière de 6,8 kilomètres construite en 1916 parallèlement au littoral, qui coupe de l’estuaire le bras nord de la rivière.
Le saumon juvénile peut passer par là pour sortir de la rivière dont le débit est rapide et se rendre dans les habitats du marais côtier d’eau semi-saumâtre, du platin de sable et des vasières de la Sturgeon Bank avant d’aboutir à la mer des Salish. Deux autres passages devraient être aménagés pour 2023 et 2024.
Aide et financement :
- Raincoast Conservation Foundation
- Canards Illimités Canada
- Pêches et Océans Canada
- Gouvernement de la Colombie‑Britannique
- Pacific Salmon Foundation

Le projet pilote de rehaussement des sédiments de Sturgeon Bank
Il a fallu franchir de nombreuses étapes pour préparer cet audacieux projet pilote de restauration du marais côtier dans l’aire de gestion de la faune de Sturgeon Bank. Aujourd’hui, près de deux millions de mètres cubes de sédiments sont dragués chaque année dans le fleuve Fraser et sont transportés par bateau pour être rejetés dans la mer. On récupère maintenant une partie de ces sédiments vitaux pour la restauration de l’habitat.
« Prenons ces sédiments et canalisons-les avec ce sédimentoduc flottant temporaire sur l’île Lulu dans le Sud, s’est dit Eric Balke. En rejetant ces sédiments fins dans une mare de boue pendant la marée montante, nous les dirigeons vers le rivage sur lequel nous voulons que les marais se développent. »
Ce projet devrait être lancé à la fin de 2022. Le succès remporté permettra de réaménager l’habitat du saumon localement et plus généralement, de faire la démonstration d’une méthode pour la restauration à grande échelle, ce qui pourrait permettre aux écosystèmes côtiers de survivre dans les zones dans lesquelles l’élévation du niveau de la mer menace de submerger l’habitat des marais.
Aide et financement :
- Canards Illimités Canada
- Pêches et Océans Canada
- Gouvernement de la Colombie‑Britannique
- Première Nation de Tsawwassen
- Administration portuaire Vancouver-Fraser

Depuis les années 1980, une superficie d’environ 160 hectares de marais côtiers a disparu à Sturgeon Bank; c’est à peu près la taille de 40 stades BC Place.
La restauration du marais côtier de la réserve nationale de faune Alaksen
On est en train de planifier la restauration du marais côtier pour rétablir 21 hectares d’habitat de fourrage du saumon juvénile afin d’améliorer son état de santé avant qu’il grandisse pour s’ébattre en pleine mer.
Les équipes qui travaillent dans la réserve nationale de faune Alaksen ont terminé cette année leurs efforts de gestion des quenouilles envahissantes. De nombreux projets de conservation de CIC prévoient dès le départ des fonds pour éliminer et gérer les nuisances causées par les espèces envahissantes.
Aide et financement :
- Canards Illimités Canada
- Première Nation de Tsawwassen
- Environnement et Changement climatique Canada
- Pêches et Océans Canada
- Gouvernement de la Colombie‑Britannique

Pour en savoir plus :
Nous vous invitons à lire notre article sur les jetées de l’estuaire du fleuve Fraser de notre partenaire dans les projets de restauration FRESH : Another jetty, another breach project: Raincoast has begun a new connectivity restoration project on the North Arm.
Ce projet se déroule en synergie avec la modernisation, dans le Grand Vancouver, de l’usine de traitement des eaux usées de l’île Iona et des travaux de restauration écologiques proposés. Pour en savoir plus : Iona Island Wastewater Treatment Plant Projects – Conceptual Design (Metro Vancouver).
À propos des projets de restauration FRESH
Le partenariat de FRESH (Fraser River Estuary Salmon Habitat) réunit CIC, la Raincoast Conservation Foundation, la Première Nation de Tsawwassen et la Lower Fraser Fisheries Alliance. Le financement est apporté par le British Columbia Salmon Restoration and Innovation Fund par l’entremise de Pêches et Océans Canada et du gouvernement de la Colombie‑Britannique; la Première Nation de Tsawwassen et l’autorité portuaire Fraser de Vancouver apportent un financement complémentaire.
Le delta du fleuve Fraser est le dernier grand arrêt du parcours migratoire du Pacifique pour les oiseaux migrateurs qui se dirigent vers l’Arctique.
CIC continue de nouer des partenariats pour l’intendance commune du delta du fleuve Fraser
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