Nous interrompons les crises environnementales qui ne cessent de se multiplier dans le monde en lançant ce message urgent : il n’est pas trop tard. Nous pouvons défaire une partie des dégâts. Nous pouvons réaménager l’habitat dégradé. Nous pouvons refauniser les milieux humides du Canada et les autres espaces naturels essentiels à notre subsistance.
Depuis des années, les changements climatiques et la disparition fulgurante de la biodiversité évoluent sur un parcours de collision environnementale dont les effets seront désastreux. Selon un rapport des Nations Unies sur les émissions polluantes, le climat de la planète devrait se réchauffer de trois degrés Celsius d’ici la fin du siècle. De plus, un million d’espèces risquent l’extinction, ce qui vient alourdir la triste réalité.
Même si nous ne pouvons pas reculer dans le temps, nous pouvons en faire encore beaucoup.
La refaunisation, ce n’est pas seulement romantique. C’est scientifique.
Dans la lutte pour la sauvegarde de nos zones naturelles, nous consacrons beaucoup d’efforts à la protection des lieux intacts qui subsistent. Ce qu’on oublie souvent, c’est que nous sommes en mesure de restaurer ce qui a été perdu. Nous pouvons refauniser les zones dégradées.
La refaunisation désigne les activités qui visent à restaurer et protéger les processus et les écosystèmes naturels. Et même si ce terme peut paraître en quelque sorte romantique (en se rappelant la vieille image des plantes qui poussent malgré la terre desséchée et le bruit de l’eau qui coule dans un paysage aride), la notion même et sa capacité de réorienter favorablement le monde qui nous entoure sont réelles et fortement inspirées de la science.
À l’automne 2020, le journal Nature (largement salué comme la revue scientifique la plus retentissante consacrée à l’écologie) publiait une étude indiquant que la restauration des paysages naturels est peut-être l’un des moyens les plus efficaces d’enrayer la crise climatique tout en donnant un coup de pouce aux populations fauniques.
Surtout, les meilleurs sites où l’on peut le faire existent ici même au Canada. Ce sont nos milieux humides.
Dans cette étude, on groupait les écosystèmes mondiaux dans cinq grandes catégories : les forêts, les prairies, les terrains arbustifs, les milieux humides et les écosystèmes arides. Parmi ces écosystèmes, on indiquait que les milieux humides sont ce qu’il y a de plus important, relativement, pour la conservation de la biodiversité et la maîtrise des changements climatiques.
« Nous savons que les milieux humides sont les épicentres de la biodiversité, lance Dave Howerter, chef de la conservation de CIC. Il y a au Canada environ 1 450 espèces fauniques, dont plus de 550 dépendent des milieux humides. Nous savons aussi que les milieux humides sont parfaitement à même de séquestrer et d’emprisonner le carbone. Ainsi, en raison de leur nature même, les milieux humides peuvent nous aider à résoudre tous ces problèmes en même temps. »
Le Canada réunit environ le quart des milieux humides qui subsistent dans le monde; or, ils continuent de disparaître à raison de 32,3 hectares par jour. Il est donc plus important que jamais de freiner — et d’inverser — cette tendance.
Heureusement, CIC sait ce qu’il faut pour rétablir, dans le paysage naturel, ces précieux écosystèmes.
Un départ en force dans la restauration des milieux humides
CIC mène l’offensive du Canada dans la restauration des milieux humides disparus. Qu’il s’agisse de lutter contre les espèces envahissantes ou de travailler de concert avec nos partenaires dans l’agriculture, l’industrie et le gouvernement pour intégrer dans leurs opérations des solutions inspirées de la nature, la restauration fait partie de la stratégie de CIC pour améliorer le monde dès le premier jour.
Nos résultats sont éloquents. Dans les 83 années de son histoire, CIC a conservé plus de 2,6 millions d’hectares. De ce nombre, nous en avons restauré 1,3 million, ce qui est prodigieux.
« Parce que nos efforts de conservation sont essentiellement consacrés aux paysages fonctionnels, dans lesquels nous nous en remettons au territoire pour assurer notre subsistance, nous investissons énormément d’énergie et de ressources dans la restauration des zones en faisant appel à des moyens qui contribuent à l’équilibre et à la pérennité de l’environnement, explique M. Howerter. Quand ces zones sont restaurées, l’effet de domino est stupéfiant. Nos oiseaux reviennent. Nos pollinisateurs aussi. Et notre territoire redevient lui aussi en mesure, naturellement, de se défendre contre les catastrophes comme les inondations et les sécheresses. »
La restauration est constituée en parts égales de l’espoir et du progrès. En effet, comme le démontrent nos travaux pour les milieux humides, la nature peut rebondir — quand on lui en donne la chance.
When areas are restored, we see an amazing ripple effect. Our birds come back. Our pollinators come back. And so do the land’s natural abilities to defend against things like floods and droughts.
Restaurer les milieux humides, c’est redonner l’espoir
Voici un tour d’horizon, d’un océan à l’autre, de certaines activités de restauration qui viennent améliorer l’état de santé de nos plans d’eau, en assurant l’habitat de la faune et en nous ouvrant des horizons.
Zone de conservation du marais Buttertubs
Lieu : Nanaimo (Colombie-Britannique)
Restaurée pour : offrir des activités de loisirs et améliorer la résilience contre les changements climatiques et les inondations
La zone de conservation du marais Buttertubs, qui était jadis un lac peu profond drainé et utilisé pour le pâturage et la production laitière, a été maintes fois améliorée au fil des ans grâce à CIC et à des groupes de la localité. Cette zone de conservation de 55 hectares permet de faire des randonnées dans la tranquillité, en plus de constituer une infrastructure verte naturelle qui coûterait à la ville des millions de dollars s’il fallait la reproduire.
Ce milieu humide assainit l’eau des réseaux d’eaux pluviales et stocke l’eau excédentaire pour amoindrir les dégâts potentiels des inondations dans la collectivité. On estime que la ville devrait engager des coûts de 4,7 à 8,3 millions de dollars pour reproduire les infrastructures du marais dans la filtration des eaux.

Propriété Winters
Lieu : Sud de l’Okanagan (Colombie-Britannique)
Restaurée pour : assurer l’habitat des espèces en péril (crapaud à couteaux et salamandre tigrée) et de la sauvagine
Au printemps 2021, CIC a creusé neuf nouveaux milieux humides modestes (ci-dessous) afin d’assurer l’habitat essentiellement pour le crapaud à couteaux du Grand Bassin, de même que pour les salamandres tigrées, qui sont tous deux considérés comme des espèces en péril en Colombie-Britannique. CIC visait les vieilles dépressions de méandres morts pour s’assurer de préserver certains plans d’eau dans le cycle annuel des amphibiens.
Ces nouveaux étangs feront rejaillir des avantages sur la sauvagine et sur les autres représentants de la faune. Plus de 25 espèces de sauvagine ont été relevées dans le Sud de l’Okanagan. Il s’agit entre autres du canard colvert, du canard branchu, du fuligule à tête rouge, du harle couronné, de la bernache du Canada et du cygne trompette. Des tortues peintes, qui appartiennent elles aussi à une espèce en péril, habitent aussi la propriété.

Projet Feldberg
Lieu : Wetaskawin (Alberta)
Restauré pour : mieux maîtriser les inondations printanières, rehausser l’habitat de la faune et assurer l’indemnisation financière dans le cadre de la Politique des milieux humides de l’Alberta*
En 2019, grâce à l’imagerie satellitaire et à d’autres outils, Ryan Pocza, spécialiste des programmes de conservation de CIC, a constaté que le bassin d’un milieu humide sur le domaine de Leroy et Mary Feldberg avait été partiellement drainé il y a des années. Ryan Pocza a contacté les Feldberg pour savoir s’ils étaient intéressés de participer à un projet de restauration de ce milieu humide pour en rétablir le niveau qu’il atteignait avant d’être drainé.
Leroy Feldberg, qui avait passé toute sa vie sur ce domaine agricole, a raconté à Ryan Pocza que lorsqu’il était enfant, il se déplaçait en canot dans les marécages et observait les grues, les canards et les oies. Il a signé un accord de 10 ans dans le cadre du Programme de restauration locative des milieux humides de CIC. Pour contrôler le niveau de l’eau des marécages, CIC a construit une descente enrochée et un barrage, qui peuvent résister à une crue centennale. Ce projet ne change pas du tout la gestion du domaine des Feldberg; le seul changement, c’est qu’ils ont maintenant contrôlé le débit de l’eau et qu’il y a sur le domaine une nouvelle zone pour la faune, ce qui est idéal pour les fervents de l’ornithologie comme les Feldberg.
* La Politique des milieux humides de l’Alberta prévoit un mécanisme qui permet de rémunérer les propriétaires fonciers pour les services écosystémiques assurés grâce aux milieux humides restaurés sur leur domaine. Les sommes recueillies dans le cadre du régime réglementaire provincial, quand les milieux humides sont drainés et remplis, sont versées dans un fonds de renouvellement consacré au remplacement des milieux humides. CIC se sert de ces sommes pour indemniser les propriétaires fonciers comme les Feldberg dans la restauration volontaire des milieux humides.

Réaménager les milieux humides dans les exploitations agricoles
Lieu : Les Prairies
Restaurés pour : amoindrir les effets des sécheresses, offrir au bétail des zones d’eau saine et améliorer la biodiversité
Dans l’ensemble des Prairies, nos programmes de restauration sont consacrés au réaménagement des niveaux d’eau naturels des milieux humides drainés ou transformés. Les propriétaires fonciers partenaires ont droit à une aide technique spécialisée et, dans certaines régions, au financement de leur projet et à une indemnisation. Notre nouveau site Web ag.ducks.ca est une ressource incontournable pour la restauration des milieux humides et pour d’autres solutions durables et compatibles avec l’agriculture.

Les milieux humides à l’œuvre
Lieu : Sud de l’Ontario
Restaurés pour : améliorer la qualité de l’eau, promouvoir la résilience climatique, maîtriser les risques d’inondations et encourager le développement économique local
Dans le cadre de son Programme des partenaires pour la conservation des milieux humides, le gouvernement de l’Ontario consacre 30 millions de dollars sur cinq ans (de 2020 à 2025) à la création et à la restauration des milieux humides dans les régions prioritaires. Cette année, CIC touche 6 millions de dollars pour les projets d’aménagement des milieux humides qui produiront un impact rapide et significatif dans l’une des haltes migratoires les plus cruciales pour la sauvagine sur le continent — zone sur laquelle le poids de la population est de plus en plus lourd.
Cet investissement viendra accélérer notre programme de restauration des milieux humides dans les bassins versants du lac Ontario, du lac Érié et de leurs voies navigables de jonction sur près de 1 000 hectares d’infrastructures naturelles restaurées et mises en œuvre dans notre réseau de partenaires de confiance, dont les offices de protection de la nature, les groupes d’intendance, ainsi que les fournisseurs et les entreprises de la localité.
En 2021, nous mettons de l’avant des plans pour aménager 20 modestes milieux humides nouvellement restaurés, de même que pour rétablir et améliorer l’habitat de 40 vastes milieux humides permanents dont l’habitat doit être amélioré. Pour suivre l’avancement de nos travaux, veuillez consulter le site ducks.ca/places/ontario/wetlands-at-work

Lac Saint-Pierre
Lieu : Québec
Restauré pour : améliorer l’habitat de la perchaude, rehausser la qualité de l’eau et accroître la biodiversité
Les habitats qui bordent le < a href= »https://www.canards.ca/stories/partenariats/synergie-et-conservation/ »>lac Saint-Pierre constituent un écosystème unique, qui revêt une importance capitale pour les oiseaux migrateurs, les poissons et les autres espèces sauvages. Depuis les années 1980, CIC travaille dans cette réserve de la biosphère, désignée par l’UNESCO, aux côtés du gouvernement provincial et des agriculteurs de la localité, qui exploitent les plaines inondables du lac pour leurs récoltes. Or, ces dernières années, la baisse des populations de perchaude est alarmante : l’état de santé du lac Saint-Pierre se détériore. Il faut donc adopter une approche nouvelle dans la gestion de cette région importante — et CIC fait partie de la communauté qui recherche des solutions.
Nos efforts de renaturalisation dans cette région portent sur les travaux de conservation que nous avons déjà réalisés. Nous enlèverons certaines digues que nous avions installées à l’origine pour que l’eau puisse ennoyer naturellement la plaine inondable au printemps afin de favoriser la nidification de la sauvagine; plus tard dans la saison, suite au retrait naturel de l’eau, l’activité agricole pourra se poursuivre.
À l’époque, on croyait que l’approche préconisée assurait un équilibre harmonieux. Aujourd’hui, les nouvelles connaissances nous apprennent que cette pratique nuit aux poissons et à l’état de santé général de l’écosystème. Ce projet permet de mettre en œuvre la gestion adaptative : nous continuons de travailler en étroite collaboration avec les partenaires du lac Saint-Pierre afin de trouver le juste équilibre entre la production et la protection.

La plaine inondable de Wolastoq (fleuve Saint-Jean)
Lieu : Nouveau-Brunswick
Restaurée pour : permettre de contrôler les crues printanières, d’accroître la biodiversité, d’appuyer les activités traditionnelles des Premières Nations de la localité et d’améliorer les activités de loisirs
Le bassin de Wolastoq, qui s’étend sur 55 900 kilomètres carrés, comprend 20 000 hectares de milieux humides sur la plaine inondable. Après le dégel du printemps, la région s’emplit de neige fondue riche en nutriments en amont du fleuve, ce qui attire toutes sortes de représentants de la faune et de la sauvagine, ainsi que les oiseaux chanteurs qui viennent se reproduire, nicher et se nourrir. Ce bassin accueille des centaines d’espèces d’oiseaux et de nombreuses espèces en péril, dont le saumon de l’Atlantique, la tortue des bois (ci-dessous) et des plantes comme l’aster d’Anticosti.
À l’époque où les populations de sauvagine baissaient dans la région dans les années 1970, CIC a restauré 8 000 hectares de marais d’eau douce dans toute la plaine inondable. Nous voulions nous assurer que ces milieux humides importants, biodivers et majestueux — ainsi que les espèces, les gens et les traditions qu’ils appuient — continuent d’exister pour les générations à venir. En 2020, nous avons lancé un projet de conservation de 10 ans et de 3 millions de dollars pour renouveler et restaurer 2 000 hectares d’habitat d’eau douce longeant la Wolastoq. Nous vous invitons à suivre les comptes rendus sur nos progrès!

It felt almost like nostalgia. Here we were doing something of the past. It’s something old and almost forgotten about. And here we were bringing it back to life.

Restaurer les marais salés
Lieux : Marais Fullerton (Île-du-Prince-Édouard) et Wallace Bay (Nouvelle-Écosse)
Restaurés pour : servir de tampon du littoral contre la hausse du niveau des mers, favoriser la résilience climatique et maîtriser les risques d’inondation
En tâchant de gérer l’infrastructure côtière et l’érosion du littoral et de lutter contre les effets de domino de la hausse du niveau des mers, les meilleures solutions consistent souvent à réaménager les sites qui étaient auparavant aménagés en milieux humides d’eau douce pour les remettre dans leur état naturel de marais salés.
À l’automne 2020, les spécialistes de la conservation de CIC ont rompu les digues de plusieurs marais d’eau douce dans les vieux sites des projets gérés par CIC dans la région de l’Atlantique. Dans le marais Fullerton de l’Île-du-Prince-Édouard, ils ont enlevé un vieil ouvrage en acier pour la régulation du débit de l’eau et se sont assurés que la nouvelle voie viendrait favoriser un mouvement complet des marées pour la première fois en 70 ans. Et à la baie de Wallace en Nouvelle-Écosse, ils ont ébréché la digue pour permettre aux forces naturelles de la marée de refouler l’eau salée de la mer dans la région. Nous avons uni nos forces avec la Confederacy of Mainland Mi’kmaq (CMM) pour les trois prochaines années afin de surveiller le site de la baie de Wallace et de contrôler le marais salé non loin de là. La CMM espère constater une recrudescence de l’herbe sainte, plante courante dans les marais salés et très importante pour les cérémonies des Mi’kmaq.
Lorsque ces milieux humides reviendront à leur état naturel de marais d’eau salée, les plantes d’eau douce seront remplacées par des distichlis dressés plus robustes comme les spartines. Ces grands roseaux protègent le littoral contre l’érosion en amoindrissant le choc des vagues avant qu’elles s’abattent sur le rivage. Et puisque le niveau des mers augmente, le niveau des marais est appelé à augmenter lui aussi. Au fil du temps, l’eau s’accumulera et séquestrera les couches de sédiments riches en carbone. Ces écosystèmes dynamiques hébergeront toutes sortes de représentants de la faune, soit aussi bien les poissons que les canards.

Faire partie de la génération de la restauration
Que vous soyez baby-boomer, membre de la génération X ou millénial, puisque vous vivez sur cette planète à ce moment décisif de son histoire, vous pouvez faire partie de la génération la plus influente et marquante de notre époque. Il s’agit de la génération de la restauration.
Ce mouvement mondial, qui invite les gens de tous les groupes d’âge et de tous les horizons à prévenir, freiner et inverser la dégradation des écosystèmes partout dans le monde, est piloté par les Nations Unies dans le cadre du lancement de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. Cette campagne, qui se déroule de 2021 à 2030, correspond aussi au délai que se sont donné les scientifiques pour prévenir les changements climatiques désastreux.
Le Canada est l’un des 70 pays à adhérer à ce mouvement, en s’engageant à rehausser ses efforts de restauration et à conserver, d’ici 2030, 30 % des territoires et des océans dans le monde.
CIC est parfaitement en mesure de participer à la réalisation de cet objectif important. Comme membre de la génération de la restauration du Canada, vous pouvez être le catalyseur de ce changement transformationnel. Et ensemble, nous pouvons saluer le retour en force de la nature.