Mary Ellen King et John King guident la ferme familiale sur la voie d’un avenir de plus en plus durable. Depuis des années, la famille King investit dans la transformation du territoire improductif et érodable pour en faire un domaine environnemental qui protège le sol et l’eau – à la fois pour le domaine agricole comme pour le ruisseau Browns qui le traverse.
La famille King est propriétaire de ces 445 hectares dans la zone agricole du Sud-Ouest de l’Ontario depuis le début du XIXe siècle. Plus de 40 hectares de terres marginales et fragiles ont été réformés et convertis en bassins de décantation et en habitats naturels – dont une série de milieux humides restaurés – qui retiennent les sols et ralentissent le ruissellement en surface, en s’assurant que l’eau qui sort des champs est plus propre lorsqu’elle se déverse dans le ruisseau.
La santé du ruisseau Browns est plus importante qu’il n’y paraît en premier lieu. Ce petit cours d’eau est un affluent de la rivière Sydenham et finit par se déverser dans le lac Sainte-Claire, dans une région dans laquelle les milieux humides sont, du point de vue historique, extrêmement dégradés. Dans la région, on fait appel à des solutions inspirées de la nature pour restaurer l’habitat et assainir l’eau en aval, dans un paysage agricole industrieux.
Les travaux menés par CIC avec des propriétaires fonciers comme la famille King fournissent une occasion à nos scientifiques de l’Institut de recherche sur les milieux humides et la sauvagine de mieux comprendre le rôle de la restauration des milieux humides. De nombreux facteurs peuvent avoir des incidences sur la capacité spécifique des bassins des milieux humides à emmagasiner les nutriments, et la captation de tous les aspects de cette capacité est un processus complexe.
Les chercheurs de CIC ont mis au point une étude qui porte sur huit sites ruraux sur des terres privées situées, dans des zones de basses terres qui reçoivent des eaux de ruissellement des champs environnants. Le milieu humide de Lake Lindsay, restauré par CIC et par nos partenaires de la Ferme King, fait partie de ces huit sites.
Comme les autres propriétaires fonciers qui ont participé à cette étude, les King ont permis à nos scientifiques, pendant deux ans, d’avoir accès à leur domaine pour qu’ils puissent installer leur matériel de recherche et prélever fréquemment des échantillons d’eau et exercer d’autres activités de surveillance, dont des relevés météorologiques, des relevés des courants entrants et sortants et la surveillance des caméras de sentier pendant une certaine durée afin de capter la faune attirée par ce milieu humide.
C’est Elise Gabrielli, chercheuse indépendante sur le terrain, qui a mené cette étude en 2021.
« Ce qui m’a le plus captivée, c’est d’apprendre à connaître personnellement chacun des propriétaires fonciers et leur histoire », explique-t-elle. « Un de leurs traits communs, c’est qu’ils sont de vrais régisseurs du territoire. J’ai pu constater leur passion et leur ardeur au travail dans leur engagement sincère envers le projet. Les températures glaciales et les pluies diluviennes ne les ont pas empêchés de venir me saluer chaleureusement et de m’offrir toute l’aide qu’ils pouvaient. »
Par exemple, Mary Ellen King fait depuis longtemps partie du conseil de régie de sa localité. D’autres propriétaires fonciers ont présenté à Elise Gabrielli leurs parcours de pollinisation et d’autres projets de réaménagement, en plus de lui faire part de leurs observations d’oiseaux et de sauvagine, de lui ouvrir un chemin vers les sites de surveillance et de lui offrir des collations pour les longues journées passées sur le terrain à prélever des échantillons.
Attirée par son intérêt pour la nature de l’étude, Elise Gabrielli confie qu’en réalité, le bienfait que cette expérience lui a apporté, c’est le temps qu’elle a passé avec les propriétaires fonciers. « Au cours de mes innombrables entretiens avec eux, j’ai appris que ce projet n’était souvent qu’un projet parmi tant d’autres auxquels ils participaient. Ils connaissent le rôle important qu’ils jouent dans la protection et la préservation de leur domaine, qui est une ressource vitale. »
« Je sais que je m’exprime au nom de tout le personnel de CIC quand j’affirme que c’est à l’aide prodigieuse des propriétaires fonciers que nous devons le succès de ce projet. »

La science des petits milieux humides
Les huit propriétaires fonciers, dont les King, qui ont permis que leurs projets de restauration des milieux humides fassent partie de l’étude des nutriments de CIC pendant deux ans, nous ont permis de mesurer le vrai pouvoir de la restauration des milieux humides afin d’améliorer la qualité de l’eau en assainissant l’eau qui se déverse dans les cours d’eau et dans les lacs.
Les milieux humides qui ont fait l’objet de cette étude font partie du bassin versant de l’emblématique lac Érié, l’un des plans d’eau gravement malades du Canada. Ce lac relativement peu profond et tiède reçoit de grandes quantités de nutriments dans les eaux de ruissellement en surface – ce qui crée des conditions parfaites pour la croissance excessive des algues bleu-vert. En étudiant les petits milieux humides restaurés du côté nord du lac Érié, les scientifiques de CIC peuvent prendre la mesure de leur capacité à réduire les nutriments dans l’eau avant qu’ils se déversent dans le lac.
Nos scientifiques n’auraient pas pu choisir meilleure occasion, pour présenter les résultats de leurs travaux de recherche, que la Journée mondiale de l’eau en mars, lors d’un événement virtuel auquel ont participé partenaires, chercheurs, propriétaires fonciers participants et autres invités. Ces résultats nous ont appris que les milieux humides :
- captent 46 % du total du phosphore;
- captent 47 % du total de l’azote;
- sont efficaces pendant les quatre saisons et dans une série d’événements météorologiques.
Même si ça ne faisait pas partie de leur rapport officiel, les scientifiques qui ont participé à cette étude ont été absolument ravis par les nombreuses observations de canards, de bernaches, d’autres oiseaux et de représentants de la faune des milieux humides sur les séquences filmées par les caméras de sentier.
La science est venue confirmer que les milieux humides sont de puissants alliés pour protéger la santé de nos lacs et pour nous permettre d’en profiter durant nos étés malheureusement trop courts. En outre, la restauration des milieux humides permet de redonner à la nature toute sa puissance dans les secteurs dans lesquels la plupart des habitats sont déjà disparus.
Pour en savoir plus sur les travaux de recherche sur le lac Érié et sur nos collaborations sur le terrain avec des communautés à travers le Canada, sur des projets de conservation et de restauration des milieux humides qui fournissent de l’eau propre à nos lacs et rivières, visitez canards.ca/lacs-sains