Notre allié le plus puissant : la nature
L’infrastructure verte : pour profiter de toute la force des milieux humides
Le souvenir des tragiques inondations qui ont délogé des milliers d’Albertains en juin 2013 revient constamment nous hanter. Les fortes pluies qui se sont abattues sur les bassins hydrographiques des rivières Bow et Saskatchewan Sud ont inondé les maisons, emporté les routes et causé des millions de dollars de dommages. Bien que les efforts de reconstruction aient vite été déployés, les experts sont formels : ce n’est qu’une question de temps avant que la météo se déchaine à nouveau.
L’infrastructure verte est aujourd’hui le maître mot des dialogues entre les gouvernements, les groupes conservationnistes et les autres organismes sur les moyens à prendre pour aider les collectivités à mieux résister aux catastrophes naturelles comme les inondations. Chef des relations avec l’industrie et le gouvernement pour CIC en Alberta, Tracy Scott en est convaincu : l’infrastructure verte est incontournable. Toujours selon lui, les milieux humides sont nos plus puissants alliés.
« L’infrastructure verte peut réduire les risques d’inondation, tout en faisant rejaillir de nombreux autres avantages environnementaux, précise-t‑il. Les ouvrages traditionnels, notamment les bassins de rétention secs ou les systèmes de traitement des eaux, jouent un rôle indispensable, sans toutefois offrir de solution universelle. Or, l’infrastructure verte, qui comprend les zones naturelles, la végétation et les milieux humides, capte et traite les eaux de pluie à la source. C’est donc la nature, plutôt que le béton, qui est notre allié le plus puissant. »
Les milieux humides emmagasinent l’eau, qu’ils libèrent lentement, telles des éponges naturelles, dans les cours d’eau des alentours. Ils emprisonnent et retiennent les eaux de pluie, de ruissellement de la neige fondue et de crue, qui se répandent graduellement dans le sol et dans la nappe phréatique. Ils assurent bien d’autres services écosystémiques essentiels à notre santé et à notre mieux‑être économique. Ils éliminent, en les filtrant, les polluants de l’eau, emmagasinent le carbone, reconstituent la nappe phréatique, réduisent l’érosion et assurent l’habitat de la faune, de même que des sites qui permettent d’apprécier la vie en plein air.
« Les autres types d’ouvrage de régulation des inondations sont loin d’offrir autant d’avantages que les milieux humides », explique Tracy Scott.
Le problème, c’est que de nombreux milieux humides de l’Alberta ont été drainés ou détruits pour céder la place à des activités comme l’agriculture, l’industrie et la promotion immobilière. La Zone blanche de l’Alberta, par exemple, qui comprend les bassins hydrographiques des rivières Bow et Saskatchewan Sud, a perdu environ 64 % de ses milieux humides. Selon Tracy Scott, en restaurer ne serait‑ce que 2 % reviendrait à assurer la capacité de stockage qu’on trouve actuellement dans presque trois réservoirs Glenmore.

© CIC
La science nous enseigne que la conservation et la restauration des milieux humides permettent de réduire les risques d’inondation en Alberta. Mais à quel prix ? CIC a calculé qu’un milieu humide restauré n’a rien à envier à un ouvrage de génie comme un bassin de rétention sec du point de vue du coût par mètre cube de stockage. Or, si l’on tient compte de toute la valeur des autres services écosystémiques offerts par les milieux humides et du fait que les milieux humides n’exigent pas autant d’entretien permanent que les ouvrages de génie, il est évident que financièrement, tout milite en faveur des milieux humides.
Le printemps est à nos portes, et les risques d’inondations reviennent hanter bien des gens. Les Albertains ne peuvent se permettre de rebâtir sans cesse leur vie et leurs moyens de subsistance. Investir dans les milieux humides est l’un des meilleurs moyens d’assurer la santé et la prospérité des lieux qui sont notre patrie.