Le changement qui se déroule autour de nous progresse lentement mais sûrement. Le problème croissant de la faune envahissante est en train de transformer les paysages emblématiques du Canada. Or, cette transformation passe — encore — inaperçue aux yeux de la plupart d’entre nous.
L’économie mondiale et la facilité du transport accélèrent, de concert avec les dérèglements climatiques la dispersion des espèces fauniques partout dans le monde. Les plantes, les insectes, les poissons et les autres représentants de la faune qui survivent lorsqu’ils arrivent dans de nouveaux habitats peuvent déloger les espèces indigènes. Le paysage ainsi diminué devient vulnérable à la transmission des maladies et à la dégradation de la biodiversité.
Les espèces envahissantes peuvent réduire la résilience des écosystèmes naturels en déréglant les réseaux alimentaires ou en établissent un nouveau statu quo, ce qui produit des effets de cascades. Par exemple, dans l’écosystème impacté, il se peut que les sols soient moins productifs ou que l’eau soit de moins bonne qualité, qu’il y ait moins de nourriture pour la faune indigène ou que d’autres processus naturels soient déréglés.
Avez-vous vraiment observé votre paysage favori dernièrement?
L’estuaire du fleuve Fraser est considéré comme un habitat essentiel pour les poissons et les oiseaux natifs de la côte du Pacifique au Canada. Or, un examen attentif nous apprend qu’il y a une constante intrusion de plantes envahissantes, dont les espèces envahissantes de la spartine et des quenouilles.
Biologiste au service de Canards Illimités Canada (CIC) en Colombie-Britannique, Eric Balke en décrit les conséquences pour la faune indigène : « Les quenouilles envahissantes accaparent une vaste superficie de l’estuaire, ce qui est alarmant, et asphyxient l’habitat critique qui permet au saumon juvénile de prospérer. Et lorsque les stocks de saumon baissent, la population d’épaulards résidents du Sud, espèce en péril qui se nourrit de ce saumon, baisse elle aussi. La baisse de la population de saumons entraîne aussi le déclin économique de l’industrie locale de la pêche. »
Les populations fauniques indigènes sont aux prises avec les difficultés qui se multiplient pour leur survie, au-delà du problème des espèces envahissantes, par exemple les changements dans l’aménagement du territoire et les dérèglements météorologiques extrêmes. Il faut plus de ressources pour contrer et infléchir les pressions qui menacent de détruire la faune du Canada.

Les interventions stratégiques permettent de protéger les écosystèmes du Canada
Voici certaines interventions menées dans la gestion des espèces envahissantes et des maladies :
- Nous siégeons à des conseils voués à la lutte contre les espèces envahissantes, dont le Conseil canadien sur les espèces envahissantes et les conseils régionaux.
- Notre expérience opérationnelle s’étend à la gestion collaborative des phragmites envahissants, des quenouilles envahissantes, de la châtaigne d’eau, de la salicaire pourpre, de la spartine anglaise envahissante et de la carpe commune.
- Les travaux que nous consacrons à réduire les maladies de la faune portent entre autres sur les lignes de conduite pour les questions d’intérêt public et sur la promotion des solutions destinées à réduire la transmission des maladies tout en préservant les milieux humides.
- Nos progrès innovants dans la gestion de moindre impact portent sur la cartographie par microdrone pour répertorier et surveiller les larges pans d’habitat à vol d’oiseau.
- Dans le domaine de la recherche, nos partenariats nous amènent à travailler avec des institutions fédérales et des établissements de recherche sur une solution de biocontrôle inspirée de la nature afin de réduire les phragmites envahissants.
À l’heure où ils sont aux prises avec la régression de la biodiversité mondiale, les gouvernants et les décideurs peuvent jouer un rôle prépondérant en faisant la promotion des approches stratégiques pour lutter contre la faune envahissante qui s’étend à de vastes territoires géographiques. S’ils doivent jouer ce rôle, c’est parce que le problème de la dégradation des écosystèmes est si vaste qu’on ne peut pas y apporter de solution grâce à une seule et même approche. Chaque pays ne peut pas, à lui seul, apporter de solution non plus.
Il faut d’urgence protéger les écosystèmes de nos nations. Jusqu’à maintenant, on a répertorié au Canada près de 500 espèces végétales envahissantes : il ne sera pas possible de retrouver la nature vierge d’autrefois où aucune espèce envahissante n’exerçait des pressions sur les écosystèmes. Or, nous pouvons tâcher de conclure une convention internationale et adopter des solutions inspirées de la nature qui, de concert avec les politiques sur l’aménagement durable du territoire, permettent de préserver, dans nos paysages, l’espace dont a besoin la biodiversité.

La biodiversité est en danger
Notre santé et notre bien-être dépendent d'écosystèmes prospères
Apprendre encore plus