Depuis des années, les dérèglements du climat et la dégradation fulgurante de la biodiversité suivent une trajectoire de collision frontale sur le plan environnemental, et nous en constatons aujourd’hui les effets catastrophiques. Selon le Rapport 2022 des Nations Unies sur les émissions polluantes, le climat de notre planète devrait gagner presque trois degrés Celsius d’ici la fin de ce siècle. Pour aggraver cette triste réalité, un million d’espèces risquent l’extinction.
Même si nous ne pouvons pas reculer dans le temps, il y a encore bien des solutions qui s’offrent à nous.
La science de la refaunisation
Dans le combat mené pour sauvegarder nos zones naturelles, nous priorisons énormément la préservation des lieux intacts qui subsistent. Ce que nous oublions souvent, c’est que nous pouvons restaurer ce qui a été perdu.
La refaunisation
La refaunisation désigne les activités destinées à restaurer et à protéger les processus et les écosystèmes naturels. Ce concept et sa capacité d’impacter positivement le monde qui nous entoure sont réels et solidement enracinés dans la science.
À l’automne 2020, on publiait dans le journal Nature une étude qui nous apprenait que la restauration des paysages naturels est un moyen efficace d’enrayer la crise climatique, tout en musclant aussi les populations fauniques.

Les milieux humides du Canada : notre meilleure option pour la restauration
Essentiellement, l’une des meilleures options qui s’offrent à nous existe ici même au Canada. Il s’agit de nos milieux humides.
« Nous savons que les milieux humides sont des épicentres de la biodiversité. Il y a au Canada environ 1 450 espèces fauniques, dont plus de 550 sont tributaires des milieux humides, affirme Lauren Bortolotti, chercheuse scientifique à CIC. Nous savons aussi que les milieux humides ont le pouvoir exceptionnel de séquestrer et d’emprisonner le carbone. Les milieux humides peuvent nous aider à enrayer simultanément ces problèmes. »
Dans le cadre d’une étude phare de 2021, un autre chercheur scientifique de CIC, Pascal Badiou, a mis en lumière l’importance de la conservation et de la restauration des milieux humides dans la réduction des émissions de carbone. Nous devrions enrichir encore nos connaissances sur le potentiel de ces véritables centrales environnementales. Lauren Bortolotti et ses collègues, de l’institut de recherche de grande notoriété de CIC, ont lancé une étude sur le terrain pour mesurer les bienfaits, pour la sauvagine et la biodiversité, des milieux humides qui ont été restaurés dans les prairies.
« Nous nous servons de photos et d’enregistrements sonores pour répertorier et dénombrer les amphibiens, les canards et les autres espèces d’oiseaux qui habitent les milieux humides restaurés par rapport aux milieux humides naturels. Nos résultats permettront d’estimer la valeur des milieux humides restaurés pour la préservation des canards et de la biodiversité; ils nous permettront aussi de savoir s’il est plus probable que certaines espèces habitent les milieux humides restaurés que les autres milieux », explique Lauren Bortolotti.Le Canada réunit environ le quart des milieux humides qui restent dans le monde, mais qui continuent de disparaître à un rythme qui peut atteindre 32,4 hectares par jour. C’est pourquoi la course à mener pour enrayer — et inverser — cette tendance est plus importante que jamais.
Heureusement, CIC sait aussi ce qu’il faut faire pour réintégrer dans le paysage ces indispensables écosystèmes.

L’offensive dans la restauration des milieux humides
CIC mène l’offensive du Canada dans la restauration des milieux humides qui ont été dégradés. Qu’il s’agisse de lutter contre les espèces envahissantes ou de travailler de concert avec nos partenaires dans le domaine de l’agriculture, de l’industrie et du gouvernement pour les amener à intégrer dans leurs opérations des solutions inspirées de la nature, la restauration fait partie de la stratégie adoptée depuis le début par CIC pour rendre le monde meilleur. Parmi les 2,5 millions d’hectares et plus que nous avons conservés depuis notre fondation il y a 84 ans, nous en avons restauré 1,3 million d’hectares déjà dégradés.
Dans les zones restaurées, l’effet de domino est prodigieux. Nos oiseaux rentrent au bercail. Nos pollinisateurs en font autant. Il en va de même des moyens naturels du territoire de se défendre contre des catastrophes comme les inondations et les sécheresses.

Restaurer les milieux humides, c’est restaurer l’espoir et la biodiversité
La restauration, c’est l’espoir et le progrès en parts égales. En effet, comme le démontrent nos travaux dans la restauration des milieux humides, la nature peut rebondir — si on lui en donne l’occasion.
CIC consacre essentiellement ses efforts de conservation aux paysages fonctionnels, dans lesquels on s’en remet au territoire pour assurer sa subsistance. C’est pourquoi nous investissons notre énergie et nos ressources dans la restauration des zones qui contribuent à l’équilibre et à la durabilité de l’environnement. Voici quelques exemples seulement de nos activités de restauration :
- CIC a excavé neuf nouveaux petits milieux humides sur une propriété de la région du sud de l’Okanagan en Colombie‑Britannique afin d’assurer l’habitat essentiellement pour le crapaud à couteaux du Grand Bassin, de même que pour les salamandres tigrées, qui sont tous deux considérés comme des espèces en péril dans cette province. CIC visait les vieilles dépressions de méandres morts pour s’assurer de préserver certains plans d’eau dans le cycle annuel des amphibiens.
- CIC mène actuellement trois ingénieux projets de restauration dans l’estuaire du fleuve Fraser en Colombie-Britannique, dans le cadre d’un partenariat visant à restaurer le marais côtier et les parcours migratoires de la faune, dont le saumon chinook.
- En Ontario, CIC restaure de petits milieux humides de concert avec des propriétaires fonciers privés et publics et des partenaires dans la conservation locale afin de préserver l’habitat de reproduction principal de la sauvagine, d’autres oiseaux et de centaines d’autres espèces fauniques, dont les poissons et des espèces en péril.
- Dans les années 1970, CIC a restauré près de 8 100 hectares de marais d’eau douce dans toute la plaine inondable de la Wolastoq (rivière Saint‑Jean) au Nouveau‑ Pour veiller à ce que ces milieux humides — ainsi que les espèces, les moyens de subsistance des humains et leurs traditions — perdurent pour les générations de demain, nous avons lancé un projet de conservation de 3 millions de dollars sur 10 ans pour réaménager et restaurer une superficie de 2 000 hectares d’habitat d’eau douce sur les berges de la Wolastoq.
Le résultat? Il n’est pas trop tard. Nous pouvons défaire une partie des dommages. Nous pouvons restaurer l’habitat dégradé. Nous pouvons refauniser les milieux humides et d’autres espaces naturels qui assurent la subsistance de la faune au Canada.