Cap sur la réserve naturelle du Marais-Trépanier

 À l’est de la Ville de Gatineau, le long de la rivière des Outaouais, des terres agricoles qui connaissaient des problèmes de drainage ont été aménagées en milieux humides : on appelle aujourd’hui ce territoire la réserve naturelle du Marais-Trépanier.  

 On y retrouve des étangs aménagés totalisant près de 50 hectares, ainsi qu’un plateau agricole surélevé. Ce site de conservation combine une vocation agricole et faunique, qui réunit la protection de milieux humides, la restauration de marais et la mise en valeur de terres agricoles à des fins de paissance du bétail, tout en favorisant l’utilisation du site par la bernache du Canada au printemps. Propriété de Canards Illimités Canada (CIC), le territoire couvre environ 250 hectares. 

L’origine du projet 

Jusqu’en 1997, l’avenir agricole des terrains du ruisseau Trépanier et de Lanthier était incertain. L’un des propriétaires, M. Jacques Bouchard, faisait face à deux problèmes importants : des problèmes de drainage et la surconsommation de plantes graminées et de légumineuses, par la bernache, qui occasionnaient des impacts importants sur les milieux naturels. Il a alors pris la décision de confier la conservation de ce territoire à CIC, sachant que des activités agricoles compatibles avec les besoins de la faune y seraient pratiquées. 

Maximiser le potentiel du secteur 

En 2000, des travaux de restauration des milieux humides ont été réalisés. La construction de digues et l’installation de structures de contrôle ont permis d’aménager une série d’étangs totalisant près de 50 hectares. On y retrouve des plantes submergées, des plantes flottantes et des plantes émergentes des plus diversifiées, qui contribuent de façon importante à la biodiversité régionale. Riche en invertébrés, importante source de nourriture, le territoire est utilisé comme halte migratoire et habitat de reproduction pour la sauvagine. La bernache du Canada, le canard noir, la sarcelle d’hiver, le troglodyte des marais, le grand héron et le fuligule à collier sont quelques-unes des espèces que l’on peut y observer. La grenouille léopard, la tortue peinte, le vison et le cerf de Virginie fréquentent également le territoire. 

Grâce à cet écosystème, les eaux de ruissellement des champs agricoles du secteur sont maintenant filtrées par les marais, avant d’arriver à la rivière des Outaouais, améliorant ainsi la qualité de l’eau du plus grand affluent du fleuve Saint-Laurent. La capacité de rétention des milieux humides permet également de régulariser le débit du cours d’eau et de réduire les inondations locales. Cela atténue les coups d’eau lors des précipitations importantes, et favorise la recharge de la nappe phréatique lors des périodes de sécheresse ou d’étiage.

En parallèle des travaux effectués pour les marais, un pâturage communautaire a également été mis en place, afin de répondre aux besoins des producteurs agricoles. Grâce à une méticuleuse rotation des zones de pâturage, le bétail et la bernache viennent tour à tour brouter les jeunes graminées et légumineuses poussant sur le plateau agricole de près de 125 hectares. Ce jumelage des usages permet ainsi de maximiser le potentiel agricole du territoire tout en poursuivant une visée de conservation.

Restauration

Un blocage dans l’une des structures de contrôle, combiné à la détérioration d’une digue par le castor et aux abondantes précipitations du printemps 2017 ont entraîné la rupture complète de la digue. Le marais était alors drainé. En 2023, des travaux de remise à niveau ont permis de remplacer la structure par une nouvelle structure à seuil fixe, afin de réinstaurer et d’assurer la pérennité de l’écosystème. Le nouvel ouvrage garantira une longévité accrue, une capacité d’évacuation améliorée et limitera l’emprise sujette à l’obstruction par les activités du castor, facilitant le maintien du niveau d’opération de l’aménagement faunique.

Un partenariat fructueux 

Mentionnons au passage qu’en 2002, ce territoire a été l’une des trois premières réserves naturelles en milieu privé à être reconnues officiellement par le gouvernement du Québec. 

Après 20 ans de collaboration et de cohabitation avec MM. Steiner et Carrier, les deux producteurs agricoles locataires de ces sites, nous sommes fiers de la relation de confiance et de respect que notre organisme de conservation a su établir avec le monde agricole de l’Outaouais. Une fierté d’autant plus grande que ces terres agricoles marginales sont devenues aujourd’hui un actif environnemental important dans la région, un paradis faunique assorti de pâturages productifs pour le bétail et de filtres naturels pour une eau de meilleure qualité. 

Partenaires mobilisés 

La réfection des structures de contrôle de niveau d’eau permettant le maintien des milieux humides a été réalisée dans le cadre du Projet de partenariat pour les milieux naturels pour lequel Conservation de la nature Canada (CNC) a reçu une aide financière de plus de 53 M$ du gouvernement du Québec. 

CIC a également pu compter sur la contribution financière d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) via le Fonds des solutions climatiques axées sur la nature.