Célébrons un maître sculpteur : Roger Desjardins

Une passion pour la sauvagine et l’art qui s’étend sur toute une vie

Roger Desjardins est né en 1941 dans le quartier montréalais de Verdun, au bord du fleuve Saint-Laurent. Étant donné que sa naissance coïncidait avec la date d’ouverture de la saison de chasse au canard de cette année-là, il n’est pas surprenant qu’il ait développé une profonde appréciation de la sauvagine dès son plus jeune âge.

La région de Verdun est parfaite pour inspirer un chasseur et sculpteur de sauvagine en herbe. Comme le mentionne Patricia Fleming dans son livre Traditions in Wood: A History of Wildfowl Decoys in Canada :

« Bien que la ville de Montréal se rapproche de plus en plus des cabanes de chasse et des cales de mouillage des embarcations de chasse au canard à Verdun, la tradition québécoise de la chasse à la sauvagine prospère toujours. Le fleuve Saint-Laurent continue de soutenir les herbiers d’algues qui attirent la sauvagine lors de la migration annuelle depuis des siècles, et les terrains de chasse habituels autour de l’île des Sœurs et de l’île verte, à quelques minutes des embouteillages du centre-ville de Montréal, sont actifs chaque automne [notre traduction]. »

Le père de M. Desjardins, Roger père (1918-1997), était aussi un sculpteur habile, et le jeune Roger a commencé à sculpter à l’âge de 10 ans en aidant à réparer les leurres usés. Ce qui a commencé comme un simple acte de restauration s’est rapidement transformé en une quête artistique permanente, conduisant le jeune Roger Desjardins à devenir l’un des pionniers de la sculpture de leurre décoratif.

Artiste autodidacte, M. Desjardins a manifesté son souci du détail et son respect de la nature dans ses premiers travaux, avec des canards plongeurs (et sa cible de chasse préférée) comme le fuligule milouinan et les garrots. Ses sculptures plus récentes, plus décoratives, connues pour leur réalisme et leur beauté esthétique, lui ont valu de nombreuses distinctions; il a remporté dix-sept Decorative Decoy Championships et de multiples prix « Meilleur de l’exposition » et « Artiste de l’année ». Son travail a été présenté dans des galeries et des boutiques de cadeaux raffinés dans le monde entier. Des collectionneurs convoitent ses pièces originales, ce qui reflète la maîtrise de son art.

Un engagement en faveur de la conservation

Au-delà de son talent artistique, M. Desjardins a joué un rôle central dans la croissance de Canards Illimités Canada, particulièrement au Québec. Comme son père avant lui, qui s’était consacré à la sculpture après son service pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Desjardins s’est consacré à la conservation et au bénévolat après avoir servi dans l’United States Air Force pendant la guerre du Vietnam.

Tout au long des années 1980 et 1990, ses leurres ont été donnés puis vendus aux enchères lors d’événements organisés par CIC, contribuant ainsi à recueillir des fonds pour des initiatives de conservation de milieux humides. Ses contributions, autant en tant qu’artiste que bénévole, ont contribué à renforcer les liens au sein de la communauté de chasseurs à la sauvagine et les efforts de conservation dans sa province natale. Les sculptures originales de sauvagine de M. Desjardins ou leurs répliques sont fièrement exposées par les partisans de CIC au Québec et partout en Amérique du Nord.

Un de ces partisans est Tim Binch, un employé de longue date et directeur national de la collecte de fonds bénévole de CIC. Binch possède plusieurs de ces précieux leurres de M. Desjardins obtenus au début de sa carrière chez CIC.

« CIC a eu la chance de présenter les répliques de leurres de Roger lors de nos événements de collecte de fonds au fil des ans », indique M. Binch. « Ses leurres étaient très recherchés, et ils ont contribué de manière significative à notre mission de conservation des milieux humides.  Au début de ma carrière chez CIC, j’ai remporté un de ces superbes leurres lors d’un encan, et il a encore une place spéciale dans notre maison. »

Honorer un héritage

Desjardins est indéniablement l’un des sculpteurs québécois les plus connus au pays et à l’étranger. Plusieurs de ses sculptures ont été reproduites dans des moules en résine, copiées en grande quantité et vendues dans le monde entier.

Notre communauté de conservation et de chasse à la sauvagine prend le temps de réfléchir à son impact, non seulement en tant que sculpteur, mais aussi en tant que défenseur passionné de la nature et de la faune.

L’héritage de Roger Desjardins ne réside pas seulement dans les leurres exquis qu’il crée, mais aussi dans la passion qu’il insuffle aux autres. Son histoire nous rappelle les liens profonds entre l’art, la nature et la conservation; un rappel que, tout comme ses sculptures, son influence perdurera pendant des générations.

Leurres : Le début de la riche tradition canadienne de chasse à la sauvagine

Les premiers leurres flottants documentés du pays datent du 17^e siècle, lorsque les Premières Nations de la côte est fabriquaient des leurres en remplissant d’herbe la sauvagine chassée. Ces formes étaient ensuite montées sur des plateformes en bois et dispersées dans l’eau près des chasseurs cachés. Cette pratique aurait été utilisée par les colons plus de 200 ans plus tard dans l’est du Québec.

Leurres : Une partie importante de l’histoire de CIC

En mai 2016, l’homme d’affaires de la Colombie-Britannique Peter Brown a fait don de 1 000 leurres antiques de canards, d’oies et d’oiseaux de rivage à CIC, un lot évalué à 1,5 million de dollars. De son côté, CIC a offert la majorité de la collection au public par le biais d’enchères de Guyette & Deeter, Inc. CIC a été bénéficiaire de la totalité du produit de la vente. La plupart des oiseaux sont des leurres fonctionnels sculptés à la fin des années 1800 et au début des années 1900. Ce fut une occasion rare pour les partisans de CIC, les chasseurs, les collectionneurs d’art populaire et les amateurs de leurres d’acquérir un artefact historique et important de chasse à la sauvagine tout en soutenant CIC et sa mission.