Un groupe d’intervention mène un combat acharné près de Wolfe Island
Un programme donne des résultats spectaculaires dans la lutte contre les espèces envahissantes.

Lilly Auty a passé la plus grande partie de l’été 2017 sur l’eau. Mais pour cette étudiante de deuxième année collégiale, il ne s’agissait pas de faire du ski nautique ou de prendre des bains de soleil. Elle a plutôt consacré son été à se pencher sur le bord d’un canot pour lutter contre une plante envahissante qui menace les rives de Wolfe Island, près de Kingston en Ontario.
Membre de l’équipe d’intervention — ce qui est probablement le titre le plus génial pour un emploi d’été —, Lilly Auty fait, dans le cadre du Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes de l’Ontario, un travail qui a un impact retentissant sur la lutte menée pour éradiquer la châtaigne d’eau (Trapa natans) sur les rives de l’est du lac Ontario. Grâce à ce programme, Bayfield Bay et Button Bay, à Wolfe Island, ont réussi à réduire de 81,7 % leur population de châtaigne d’eau depuis 2014, ce qui est très prometteur dans la lutte contre cette menace dans ces localités.
La châtaigne d’eau est une espèce envahissante qui asphyxie les plantes indigènes, en formant des tapis flottants impénétrables et en colmatant les rives et les cours d’eau. En poussant, cette plante envahissante peut bloquer la lumière du jour, qui ne se rend plus sous la surface de l’eau, ce qui nuit à la croissance naturelle des végétaux subaquatiques et finit par tuer les poissons. Les graines barbelées de cette plante peuvent même causer de vilaines blessures aux pieds.

La bonne nouvelle, c’est que la châtaigne d’eau est une plante annuelle. « Chaque année, à l’automne, les plantes existantes meurent et les nouvelles plantes ne germent qu’à partir des semences, confie Kyle Borrowman, qui coordonne le programme de lutte contre la châtaigne d’eau pour CIC en Ontario. Si nous pouvions toutes les arracher avant qu’elles se mettent à pousser, nous pourrions réduire la banque de semences et régler le problème. »
C’est alors que Lilly Auty et le groupe d’intervention entrent en scène.
Grâce au soutien financier de ses partenaires, soit le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) de l’Ontario, le Centre de recherche sur les espèces envahissantes (CREE), l’Ontario Wildlife Foundation, les propriétaires du domaine privé et les clubs de chasseurs, ainsi que le groupe d’intervention de l’Ontario Federation of Anglers and Hunters (OFAH), CIC mène une lutte acharnée contre les menaces que fait peser cet envahisseur qui détruit les milieux humides. Le défi de Lilly Auty : éradiquer les populations de châtaigne d’eau dans les alentours de Wolfe Island.
« Nous avons commencé par sortir en bateau au début de juin, précise Lilly Auty, et lorsque les plantes ont commencé à pousser, c’était fascinant de voir toute la densité des peuplements et la rapidité avec laquelle elles délogeaient les autres espèces des alentours. »
« Nous pouvions compter sur un bateau de pêche en aluminium pour le plan d’eau libre et sur un canot pour sillonner les ruisseaux affluents, explique-t-elle. Dès que nous trouvions un peuplement, nous nous servions d’un système de suivi par GPS pour signaler la localisation précise des plantes. Il ne restait plus qu’à arracher les plantes à la main et à les placer dans l’embarcation pour ensuite aller les jeter. »

En plus d’arracher les plantes, Lilly Auty a coordonné le travail d’éducation et de sensibilisation du public dans le cadre du programme, en attirant l’attention sur le problème à l’occasion d’activités, de journées de portes ouvertes et sur les réseaux sociaux. « Pour réussir, il faut absolument travailler avec les résidents de la localité, reconnaît-elle. Une résidente qui faisait chaque jour une randonnée en canot dans la baie de Brown a trouvé un peuplement de châtaigne d’eau et l’a porté à notre attention à l’occasion d’une journée portes ouvertes. Grâce à ce dépistage précoce, nous avons pu en éliminer la population. »
CIC, qui entreprend maintenant sa cinquième saison sur le terrain, continue d’intervenir rapidement pour éliminer les infestations nouvelles avant qu’elles prolifèrent.
« On s’inquiète toujours, puisque les plantes peuvent s’étendent à d’autres zones, prévient Kyle Borrowman. Nous avons constaté que cette plante peut causer bien des dégâts quand on la laisse à elle-même; c’est pourquoi il est essentiel de la surveiller constamment. »
« Nous devons continuer de surveiller les milieux humides côtiers, les bras de mer et les affluents en amont et en aval le long du littoral canadien du lac Ontario et du Saint-Laurent, explique Kyle Borrowman. Et nous ne refuserons certes pas toute l’aide qu’on voudra bien nous offrir pour y arriver. »
Vous pouvez vous aussi nous aider à débarrasser les rives ontariennes de cette plante envahissante. Pour signaler la présence de la châtaigne d’eau, veuillez appeler le 1-800-563-7711 ou consulter le www.invadingspecies.com.